Au malheur des orphelines

La pudeur fait que, parmi les dangers de nombreux sports, il est rare qu'on évoque spontanément les traumatismes testiculaires. Et pourtant, il y aurait des choses à dire !

Le spectacle d'un joueur de football plié de douleur en se tenant le scrotum à deux mains n'émeut guère l'amateur de foot. C'est à peine si l'on s'amuse encore de l'embarras des commentateurs qui hésitent entre un pudique « bas ventre » ou des expressions comme les « bijoux de famille ». Bien sûr, le football n'a pas l'exclusivité de ce genre d'accidents. On peut aussi se faire très mal en heurtant un agrès en gymnastique, en prenant un coup en dessous de la ceinture dans un sport de combat, en tombant de sa selle sur le cadre de son VTT ou en glissant sur le bouchon du réservoir de sa moto. En général, le choc est suivi quelques secondes plus tard d'une douleur vive et paralysante. Des personnes bien intentionnées s'empressent alors d'installer le blessé sur le dos pour lui soulever le bassin à plusieurs reprises, dans le but de faire redescendre des testicules supposés ascensionnés. Bien que la manoeuvre soit discutable sur le plan scientifique, elle fait généralement son effet et, la plupart du temps, le sportif se relève sans dommage apparent.

Pudeur dangereuse

Certains symptômes doivent néanmoins retenir l'attention. Le fait d'uriner du sang, par exemple, indique vraisemblablement une blessure de l'urètre. Le gonflement de la bourse et un aspect légèrement bleuté trahissent une hémorragie interne. On retrouve à ce niveau un entrelacs de veines et d'artères et seul un examen clinique et une échographie permettent de visualiser les dégâts.

Une petite consultation s'impose également à chaque fois que la douleur persiste pendant plusieurs heures. Parfois, les images ne révèlent aucun signe alarmant de luxation ou de lésion. On peut se contenter d'un traitement médical classique : anti-inflammatoires, glaçage, port d'un suspensoir et repos.

Dans les cas plus graves, l'échographie mettra en évidence une blessure testiculaire ou un hématome difficilement résorbable. Un traitement chirurgical sera alors envisagé. Le travail consiste à nettoyer les caillots, voire réséquer les zones nécrosées. Les médecins savent bien comment s'y prendre. Les contusions testiculaires représentent 10 à 20% des consultations des services urologiques. Mais l'important est de ne pas attendre ! Or les sportifs qui sont prêts à consulter pour le moindre pépin musculaire font souvent preuve d'une pudeur de vieille fille quand il s'agit de soigner l'organe reproducteur. Ainsi, beaucoup de ces blessés testiculaires attendent trop longtemps. Ils traînent leur souffrance accompagnée parfois d'un peu de fièvre pendant plusieurs jours et lorsqu'ils se présentent enfin à la consultation, l'hématome s'est fibrosé et comprime le testicule si bien qu'il faut parfois procéder à une ablation chirurgicale. Lourde sanction pour un silence pudique.

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