Nos médicaments sont-ils biodégradables ?
Les médicaments et les produits issus de diagnostics médicaux ne sont pas systématiquement biodégradables. De plus, l'intensification de leur emploi accentue les rejets de résidus dans l'environnement. Or de nombreux pays n'appliquent pas les règles ou n'ont tout simplement pas de réglementation. Par ailleurs, la biodégradabilité devrait être évaluée au cours de la mise au point des produits de santé. Cette évolution écologique pourrait même devenir un argument publicitaire une fois la spécialité commercialisée. Hélas, nous n'en sommes pas encore là.
Résidus iodés, gadolinium, mercure...
Si l'analyse des rejets de plusieurs hôpitaux européens (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Autriche) démontrent une accumulation de résidus iodés issus des examens de radiologie, il en est de même du gadolinium (élément aux propriétés paramagnétiques utilisé en médecine pour renforcer le contraste en imagerie pas résonance magnétique – IRM). Le taux de rejet de cet élément s'élèverait à 4kg par an par centre hospitalier, soit une tonne par an en Allemagne, avec un accroissement dans l'eau potable. Le mercure est également en tête. Bien que les amalgames soient censés être filtrés, certains désinfectants dans les appareils de filtration en dissolvent une partie, laquelle se retrouve dans les eaux usées. Les désinfectants employés pour l'antisepsie du matériel médical représentent eux-mêmes des quantités non négligeables de polluants.
Les antibiotiques
Rarement biodégradables, les antibiotiques exercent un fort impact sur l'environnement. Par exemple, le sulfaméthoxazole est connu pour être particulièrement toxique, les cytostatiques, produits à action anti-tumorale, sont peu dégradables et le cyclophosphamide comme l'ifosfamide ne sont dégradés qu'à moitié au bout de 40 jours. Mais selon le Dr Kümmerer, directeur de l'Institut de médecine environnementale et d'épidémiologie hospitalière de Fribourg en Allemagne : « en règle générale, ces substances ne sont pas complètement dégradées, mais aucun antibiotique ne possède une action suffisamment large pour éliminer l'ensemble des micro-organismes rencontrés dans l'environnement ».
Faute de réglementation adéquate et de manque de ressources financières et humaines, l'OMS constate l'échec de la gestion des déchets de la santé. En vertu du principe « pollueur payeur », il revient aux producteurs de les gérer, c'est-à-dire aux dispensateurs de soins. Qu'il s'agisse de produits chimiques, radioactifs, de vaccins ou d'objets, leur devenir doit faire partie intégrante des soins de santé. A défaut : « si ces polluants provoquent des problèmes de santé, ce sont les avantages des soins de santé dans leur ensemble qui s'en trouvent réduits ».
A titre individuel, nous pouvons tous participer, notamment en ne jetant pas nos médicaments mais en les rapportant en pharmacie, afin qu'ils entrent dans le circuit de retraitement et de recyclage. Un geste simple pour un environnement propre.
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