Paracétamol : un pharmacien sur quatre conseille une dose à risque
Le nez encombré et qui coule ? Un léger mal de tête ? Dès les premiers symptômes du rhume, le même réflexe est partagé par de nombreux.ses Français.es : se précipiter en pharmacie pour obtenir un précieux conseil.
Mais si on en croit la dernière enquête menée par l'UFC-Que Choisir, dans son numéro du 22 mars, les titulaires d'officine livrent parfois des conseils hasardeux. Pour parvenir à cette conclusion, les journalistes se sont prêtés à l'expérience du "patient-mystère". Armés d'une caméra cachée, ils se sont rendus dans 772 pharmacies de 16 villes de métropole.
A chaque visite, la même situation. Le journaliste prétend souffrir d'un rhume et demande deux médicaments : le Doliprane® 1000 mg et l'Actifed Rhume® Jour et Nuit. Une situation qui devrait attirer la puce à l'oreille des professionnel.le.s de santé, puisque leur association est déconseillée. Et pour cause : les deux contiennent du paracétamol. Le risque de surdosage est donc majeur.
Ne pas dépasser trois grammes
Sur ce plan, les pharmacien.ne.s obtiennent plutôt un bon score. 86 % des titulaires ont spontanément alerté le patient-mystère sur les risques d'une telle combinaison. 7 % ont signalé un risque après une question sur la posologie ou les contre-indications.
Mais la volonté du patient est reine. Dans quatre cas sur dix, les deux médicaments ont finalement été délivrés. Un tiers des titulaires d'officine ont choisi de vendre deux traitements, mais en substituant l'un d'entre eux.
Sur le plan du dosage, en revanche, la situation est plus complexe. Dans un cas sur deux, le pharmacien ou la pharmacienne interrogé.e recommande une dose supérieure à 3 grammes. Soit une quantité supérieure au maximum conseillé sur les notices.
Un titulaire sur quatre a même suggéré de dépasser 4 grammes par jour. Pourtant, "un surdosage en paracétamol peut provoquer de graves lésions du foie qui peuvent mettre la vie en danger", souligne le Centre antipoison de Belgique.
Pour un emballage plus clair
Les lésions provoquées par l'abus de paracétamol peuvent être irréversibles, et nécessiter une transplantation de foie. Et celles-ci peuvent apparaître plusieurs jours après la prise à risque.
L'UFC Que Choisir demande donc que l'automédication ne fasse plus l'objet de publicité auprès du grand public. L'Union française des consommateurs souhaite aussi la mise en place d'un encadré précisant les contre-indications et les interactions relatives à chaque médicament – et ce sur l'emballage externe de celui-ci.
Pour rappel, les médicaments anti-rhume sont à éviter parce qu'ils proposent souvent des molécules aux effets contradictoires. Il est conseillé de plutôt privilégier les médicaments uniquement à base de paracétamol, en respectant ce qui est inscrit sur la notice.
Vidéo : Rhume : zoom sur 3 médicaments homéopathiques
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Enquête en pharmacies – Le conseil et la concurrence en souffrance sur l'automédication, UFC-Que Choisir, 21 mars 2018
Le paracétamol est-il un médicament sûr ?, Centre antipoison de Belgique, consulté le 21 mars 2018