Pour la première fois, une pub fait figurer du sang de règles
Un tabou se lève. Pour la première fois, à l'écran, une publicité a utilisé du rouge pour illustrer le sang des règles. Nana France, à l'origine de l'initiative, met ainsi fin au règne du fameux liquide bleu dans une vidéo mise en ligne ce 28 février.
Pour le moment, la campagne se limite aux réseaux sociaux. Son slogan : "Les règles, c'est normal. Les montrer devrait l'être aussi." Mais la diffusion sur les chaînes télévisées n'est pas encore possible. Sur Facebook, Nana France affirme être en négociations pour y parvenir.
Loin de la pudeur habituelle, ce spot montre toutes les situations source de gêne au quotidien : demander une protection hygiénique en public, les acheter, les changer… Sur les réseaux sociaux, la marque le souligne : "Les femmes sont encore conditionnées pour ressentir de la honte et de l'embarras à ce sujet."
"C'est dégueulasse"
Plusieurs militantes et autrices ont déjà souligné l'hypocrisie du liquide bleu, utilisé par tous les fabricants de protections hygiéniques. Mais sur les réseaux sociaux, le choix d'un écoulement rouge ne fait pas l'unanimité… y compris auprès des concernées.
"Il serait peut-être préférable de conserver la même discrétion", suggère Marie, faisant le parallèle avec les "soucis de plomberie" des hommes. Plus virulente, Zahra intime "un peu de pudeur" aux créateurs.trices de cette campagne vidéo. "C'est trop intime et honnêtement, c'est dégueulasse", commente Cloclo.
Cette dernière réaction résume bien l'attitude de nombreuses femmes vis-à-vis du sang menstruel. D'après un sondage réalisé par l'ONG Plan International UK, en octobre 2017, une jeune Britannique sur deux éprouve de l'embarras au sujet de ses règles.
Au Royaume-Uni, les écolières préféreront mentir sur les raisons de leur absence plutôt que de l'imputer à leurs menstruations. Mais ces excuses ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
Mieux informer les femmes
Ce sentiment de gêne et ces idées reçues peuvent avoir des répercussions réelles sur la santé des femmes, car elles n'auront pas forcément le réflexe de parler de leurs écoulements sanguins. Y compris s'ils sont anormaux. Ainsi, une endométriose est diagnostiquée en moyenne 7 ans après l'apparition des symptômes car les règles douloureuses sont considérées comme normales.
En Inde, à peine une femme sur dix dispose de protections hygiéniques appropriées. Les autres utilisent des linges usagés ou des plantes, risquant des infections gynécologiques sérieuses.
Au Burundi, impossible de se laver dans les parties communes car le sang menstruel est accusé de pouvoir tuer les autres membres de la famille. Les habitants de Sierra Leone, eux, pensent que les serviettes hygiéniques usagées peuvent être utilisées pour rendre un tiers stérile.
En levant le tabou, tous ces mythes peuvent être mis à bas par l'éducation, souligne l'ONG Plan International, qui milite pour une meilleure information. Une évolution nécessaire car le tabou peut tuer.
Comme l'a récemment montré une étude parue dans le BMJ Global Health, 5 à 15 % des femmes présentent des saignements non menstruels. Mais une minorité en parle, alors que cela peut révéler une maladie touchant les organes gynécologiques.
Pour toutes ces raisons, lever le tabou autour des règles est essentiel. Au-delà de l'opération communication réussie de Nana France, le spot est révélateur d'une volonté d'avancer sur le sujet.
Vidéo : Le syndrome prémenstruel (SPM) expliqué en vidéo
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Almost half of girls aged 14-21 are embarrassed by their periods, Plan International UK, 9 octobre 2017
Five reasons we need to talk about periods, Plan International UK, 9 octobre 2017