Puberté : des petites filles déjà femmes
Puberté précoce
Il y en a qui veulent grandir trop vite et se déguisent en femmes pour en "jeter". Pour d'autres, c'est une puberté précoce, qui leur donne tous les attributs de la séduction quand elles n'ont vraiment pas encore la tête à cela et elles ont bien du mal à gérer les malentendus qui en résultent. À 6 ans quand on a la taille des petites camarades qui en ont 12, on est facilement prise pour une demeurée. À 8 ans, quand on "chausse" du 90 C et que maman doit vous épiler les jambes, on est bien embarrassée de ce corps de femme pour sauter à la corde.
L'âge de la puberté
Si l'âge des premières règles a peu évolué depuis 20 ans, les premiers signes de puberté apparaissent dans 1 à 2 % des cas beaucoup trop tôt. Divers facteurs peuvent influencer l'âge de la puberté en l'avançant ou en la retardant : en cause la génétique, l'alimentation, l'activité physique et le poids. La puberté précoce touche principalement les filles (99 % des cas) et peut prendre différents aspects. En deux siècles, l'âge moyen des premières règles est passé de 16/18 ans à 12/13 ans dans les pays riches. Dix ans pour les petites Françaises, c'est l'âge moyen auquel les premiers indices de maturité sexuelle apparaissent. Si ces signes surviennent entre 8 et 9 ans, on considère qu'il s'agit d'une puberté prématurée qui ne nécessite pas forcément de traitement.
Premiers symptômes de la puberté
Premiers signes, des élancements un peu sensibles dans la zone mammaire, mais parfois d'un seul côté. Chez une petite fille un peu enveloppée, (un risque supplémentaire de puberté précoce), l'apparition des seins peu passer inaperçue. Les poils pubiens poussent le plus souvent quelques mois après l'apparition des seins. Parallèlement, une croissance qui s'accélère d'une façon spectaculaire est un signe qui doit être pris au sérieux, car elle risque de s'arrêter prématurément avec comme conséquence une petite taille à l'âge adulte. Danger donc, il faut consulter rapidement et établir la courbe de croissance même si l'enfant est par ailleurs en excellente santé.
Puberté précoce vraie : Une maturation hormonale avancée
Les pubertés précoces vraies apparaissent avant 6 ans. Il s'agit d'un dérèglement de l'hypothalamus responsable du développement des caractères et des hormones sexuels qui se met à fabriquer trop tôt les hormones LH, à l'origine des modifications cycliques de l'ovaire et les hormones FSH qui stimulent les follicules ovariens. On a donc dans ce cas, une maturation précoce des ovaires et des testicules. Parfois héréditaire, il peut s'agir aussi des conséquences d'une lésion cérébrale. Chez les garçons, la cause est le plus souvent d'origine tumorale. Mais dans neuf cas sur dix pour les filles et deux à cinq cas sur dix pour les garçons, les causes des pubertés précoces vraies, souvent héréditaires, restent inconnues.
Puberté précoce : Pathologie ou dysfonctionnement temporaire ?
Dans le cas de pseudo pubertés précoces qui sont beaucoup plus rares et généralement dues à une hypertrophie congénitale des glandes surrénales ou une tumeur secrétant des androgènes ou des oestrogènes, on constate avec une analyse sanguine que les cellules sexuelles restent immatures. Enfin dans les pubertés précoces dissociées, seulement certains des signes de puberté sont apparents : les seins apparaissent trop tôt, les poils pubiens poussent prématurément, ou l'on constate quelques saignements. C'est le plus souvent signe d'un dysfonctionnement souvent temporaire de l'hypothalamus. Quoi qu'il en soit, il faut consulter pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une pathologie plus importante.
Des moyens de dépistage
Une consultation chez le médecin de famille est la première démarche à entreprendre : il sera d'autant plus à même de déceler un véritable problème s'il suit l'enfant depuis le début. L'examen de sa courbe de croissance lui donnera une première indication. Il va également pratiquer un examen clinique complet. Tous les symptômes de type troubles de l'humeur, fatigue récente, maux de tête, troubles de la vision, soif excessive lui seront utiles pour établir un diagnostic. L'évaluation de la maturité psychique de la fillette et ses réactions par rapport à ces transformations sont importantes : certains enfants sont déstabilisés, inquiets, gênés, d'autres, au contraire, plutôt fiers. Le médecin prescrira des radiographies du poignet ainsi que de la main et du coude gauches pour évaluer "l'âge osseux" et pronostiquer le potentiel encore existant de croissance. Cet examen doit être interprété par un spécialiste. S'il existe un décalage de plus de deux ans entre l'âge réel et l'âge osseux, la croissance définitive risque d'être anormale. Une échographie de l'utérus et des ovaires là encore, effectuée par un spécialiste, et des dosages hormonaux dans les urines viendront compléter les informations.
Des causes environnementales
Notre système hormonal serait-il perturbé par notre environnement ? Selon Jean-François Narbonne, expert en toxicologie alimentaire, on retrouve des molécules chimiques dans l'eau, ou dans les emballages alimentaires susceptibles de provoquer des dérèglements hormonaux. Des dérèglements qui se traduiraient par une augmentation des problèmes de stérilité, de cancers des testicules chez les hommes, mais aussi par l'apparition de signes de puberté prématurée chez les filles. Les experts Allemands ont identifié 250 molécules que l'on peut classer en trois catégories :
- Les Phytoestrogènes qui sont des hormones naturelles contenues dans certaines plantes comme les lentilles ou le soja.
- Les hormones naturelles ou de synthèse contenues dans les pilules contraceptives que l'on retrouve sous forme de rejet dans les urines des femmes.
- Les produits chimiques synthétiques: oestrogènes médicamenteux, pesticides organochlorés, dioxines ou métaux lourds. Ne pas oublier les plastifiants qui contiennent des bisphénols et les phtalates que l'on retrouve dans les emballages alimentaires, conserves et canettes, les tétines pour bébés ou les bouteilles d'eau minérale.
On trouve aussi dans de nombreux produits de consommation courante comme les toniques capillaires, les pesticides et le matériel d'emballage et de construction, des agents hormonaux actifs. Pas véritablement de conclusions scientifiques pour le moment, mais de quoi renforcer la vigilance.
Une enfance amputée
Elles ont à peine 10 ans et des formes de femmes. Pourtant dans leur tête, elles sont bien loin des préoccupations de la séduction, mais leur aspect physique les soumet à bien des malentendus. Le docteur Sandra Steingraber, une chercheuse canadienne, a produit un certain nombre d'études qui montrent que les filles trop tôt pubères sont plus anxieuses, ont une moins bonne image d'elles-mêmes et font d'avantage de tentatives de suicide. Elles ont tendance à consommer plus facilement de la drogue, de l'alcool et du tabac et sont par ailleurs plus susceptibles d'être victimes de violences sexuelles et physiques. Elles sont souvent moins performantes à l'école et débutent une vie sexuelle plus active, plus tôt avec un risque de grossesse plus important à l'adolescence. Les garçons à maturité sexuelle précoce ne présentent pas les mêmes risques, sans doute parce que, dans notre société, la féminité d'une petite fille est moins valorisée qu'une virilité débutante.
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