Réduction du tabagisme : ce qu'on n'a jamais osé vous dire
- 1 - La réduction du tabagisme permet-elle de diminuer les risques induits par le tabac et dans quelle proportion ?
- 2 - Parmi les personnes qui pratiquent la réduction de leur tabagisme, combien finissent par arrêter définitivement ?
- 3 - Quels sont les facteurs favorables à la réduction du tabagisme, versus l'arrêt brutal ?
- 4 - Pensez-vous que l'on devrait patcher systématiquement les patients fumeurs entrant dans un service de cardiologie ou de pneumologie ?
- 5 - A lire
La réduction du tabagisme permet-elle de diminuer les risques induits par le tabac et dans quelle proportion ?
Dr Béatrice Le Maître : Réduire sa consommation de tabac, décider de fumer moins de cigarettes par jour, mettre 10 cigarettes dans son paquet, le matin, alors qu'on en fume régulièrement une vingtaine, beaucoup de fumeurs l'ont déjà tenté : cela tient quelques jours, les yeux rivés sur la montre. Les cigarettes fumées le sont alors deux fois plus intensément. Ceci signifie tout autant, voire davantage de fumée inhalée, sans aucun impact sur sa dépendance et sans aucun bénéfice sur sa santé. Pourquoi en est-il ainsi ? Le fumeur répond à un besoin, indépendant de sa volonté, de maintenir un certain niveau de nicotinémie (taux de nicotine dans le sang), sous peine de souffrir de symptômes de manque.
OUI, la réduction de la consommation quotidienne de cigarettes, avec utilisation conjointe de substituts nicotiniques (gommes à mâcher, inhaleur), signifie naturellement moins de fumée inhalée (plus de 4.000 composants chimiques, dont le monoxyde de carbone ou CO, dont des irritants bronchiques, des cancérogènes), avec déjà un plus pour la santé. Moins de CO inhalé, c'est déjà un sang plus oxygéné.Moins d'irritants bronchiques inhalés, c'est déjà une certaine amélioration des signes d'inflammation respiratoire, et déjà aussi, l'impression de respirer un peu mieux.
Moins de nicotine gazeuse inhalée, ce sont des artères qui souffrent aussi un peu moins.Pour réduire efficacement sa consommation de cigarettes, sans devoir les fumer plus intensément, le fumeur doit utiliser un nombre suffisant de gommes à mâcher ou de cartouches d'inhaleur. L'idéal est d'arriver à couper par deux sa consommation. Ce faisant, le fumeur reprend confiance dans ses capacités à gérer de nombreuses situations sans fumer, il découvre l'efficacité de l'aide apportée par les substituts nicotiniques. L'idée de l'arrêt fait son chemin, tandis que la motivation à l'arrêt augmente. L'arrêt de toute consommation de tabac doit toujours rester l'objectif à atteindre.
Parmi les personnes qui pratiquent la réduction de leur tabagisme, combien finissent par arrêter définitivement ?
Dr Béatrice Le Maître : Bien conduite, c'est-à-dire avec l'utilisation conjointe et en quantité suffisante de substituts nicotiniques par voie orale, la réduction de la consommation de cigarettes doit conduire, naturellement vers l'arrêt, un maximum de fumeurs.
Cette période de réduction de la consommation permet de prendre peu à peu de la distance avec ses habitudes de prise de cigarettes : suppression progressive des automatismes, gestion active des envies de fumer quand on a décidé qu'on ne fumerait pas ou qu'on n'a pas la possibilité de pouvoir fumer, etc. Cette période peut durer quelques mois. Sa durée varie avec les habitudes de vie et d'environnement du fumeur, que ce soit sur le plan personnel et/ou professionnel.
Pour de nombreux fumeurs, la réduction de la consommation de cigarettes avec substituts nicotiniques constitue un premier pas vers l'arrêt. L'arrêt peut intervenir dans les mois qui suivent. Même en cas de reprise de la consommation antérieure, pour des raisons psychologiques ou environnementales, la marche vers l'arrêt total est enclenchée.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.