Scaphoïde : attention les mains !
Les fractures du scaphoïde sont relativement fréquentes en traumatologie sportive. Elles représentent 80% des blessures au poignet. L'accident survient classiquement lorsqu'on essaie de se réceptionner sur les paumes à la suite d'une chute vers l'avant. Le scaphoïde se trouve alors pris en casse-noisettes entre les autres osselets de la main beaucoup plus solides que lui : radius, semi-lunaire, grand os, trapèze et trapézoïde. Juste après la chute, on ressent généralement une petite douleur au niveau de la "tabatière", c'est-à-dire la région à la base du pouce où l'on déposait autrefois le tabac à priser. Cette douleur s'intensifie à la pression. Dans les premiers jours, la radiographie ne révèle rien de particulier. Le phénomène d'inflammation brouille la lecture des clichés. Il faut alors attendre dix à quinze jours pour que survienne le processus de résorption péri-fracturaire qui permet d'y voir plus clair. De prime abord, ce genre de lésion ne semble pas trop grave. Mais il arrive que les choses se compliquent.
Guérira, guérira pas
Il faut savoir que le scaphoïde est peu vascularisé, surtout dans sa partie supérieure. Sa consolidation nécessite au moins trois mois d'immobilisation totale. Et parfois, cela ne suffit pas. Le problème survient de façon particulièrement complexe lorsque le trait de fracture est parallèle ou oblique par rapport à l'axe de l'avant-bras. Le moindre mouvement de la main a tendance alors à écarter les berges de la plaie. Dans ces cas-là, on doit souvent se résoudre à une opération de vissage des morceaux à travers la peau. Pour les sportifs, cette seconde méthode possède aussi l'avantage d'une reprise d'activité beaucoup plus rapide. En cas de fracture du scaphoïde, la difficulté pour le médecin consiste donc à distinguer les blessures qui promettent une guérison spontanée, de celles qui nécessitent un peu de chirurgie. Le patient aussi doit faire preuve de clairvoyance. Il arrive trop souvent qu'on néglige des douleurs récurrentes aux mains ou aux pieds et qu'un problème relativement bénin entraîne des séquelles définitives. Car une fracture qui bouge ne se ressoude jamais. À la place du cal osseux, on observe la formation d'un dépôt de tissu fibreux et de cartilage, appelé pseudarthrose. Dans bien des cas, cette région reste douloureuse et limite l'autonomie gestuelle. On ne compte plus les cyclistes qui ont dû mettre un terme à leur carrière à la suite de séquelles d'une fracture de scaphoïde qui les empêchait de "tirer" sur le guidon dans les bosses. Pour gagner quelques jours de course, il arrive que l'on perde des années de carrière.
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