Tabac : un composant du LSD pour arrêter de fumer ?
Bientôt un usage thérapeutique pour le LSD ? La psilocybine, substance active de ce psychotrope hallucinogène extraite du champignon appelé ergot de seigle, fait l’objet de plusieurs recherches médicales sérieuses, rapporte le journal Les Echos. Les grandes universités américaines et européennes se penchent aujourd’hui sur le LSD thérapeutique après la découverte d’un corpus de plus d’un millier d’études réalisées dans le cadre de 70 programmes de recherche lancés dans les années 1950 et 1960.
"Des médicaments miracles"
À cette époque, "le LSD et la psilocybine étaient vus comme des médicaments miracles par une grande partie de l'élite psychiatrique" selon l’écrivain et professeur en journalisme à l’université de Berkeley (Etats-Unis) auteur d’une enquête* sur ces substances et cité par Les Echos. Mais devant la multiplication des "bads trips" sous LSD, le gouvernement américain sévit et pénalise l’usage des psychotropes, enterrant ainsi les recherches médicales.
Efficacité du LSD dans le sevrage tabagique
Aujourd’hui, les résultats des études qui se replongent dans l’utilisation thérapeutique de la psilocybine sont très prometteurs, justifiant le regain d’intérêt des chercheurs pour le LSD.
Ainsi, en 2016, une étude menée par trois chercheurs en Psychiatrie et en Sciences comportementales de l’université Johns Hopkins (Baltimore, Etats-Unis) et publiée dans l’American Journal of Drug and Alcohol Abuse montre l’intérêt de la psilocybine dans le sevrage tabagique. Les scientifiques ont suivi 15 fumeurs souhaitant arrêter de fumer. Ils leur ont administré deux ou trois doses de psilocybine : une dose modérée la 5e semaine du sevrage tabagique, une dose élevée deux semaines plus tard et une dose élevée optionnelle la 13e semaine du sevrage. Après 12 mois, 10 d’entre eux ne fument plus de cigarettes, soit 67%. À plus long terme, neuf participants (soit 60%) sont reconnus comme abstinents. Bien que cette étude ne porte que sur un petit nombre de personnes, les chercheurs sont enthousiastes : "dans les études contrôlées, les médicaments les plus efficaces pour arrêter de fumer démontrent généralement mois de 31% d’abstinence 12 mois après le traitement, alors que la présente étude a révélé 60% d’abstinence plus d’un an après l’administration de psilocybine" écrivent-ils ainsi en conclusion de leur publication.
Pas de risque d’addiction ni d’overdose
Mais risque-t-on de quitter une addiction pour une autre ? Contrairement à d'autres drogues comme la cocaïne, les psychotropes "ne sont pas addictifs et ne peuvent pas provoquer d'overdose", rassure David Nutt, professeur de pharmacologie à l'Imperial College London, dans les colonnes des Echos. Pas de risque donc de quitter la dépendance au tabac pour une dépendance au LSD.
De nouvelles études menées sur un plus grand nombre de personnes et sur un plus long terme sont tout de même attendues pour valider ces résultats avant d’envisager un usage thérapeutique de la psilocybine. Mais d’ici quelques années, vous serez peut-être en mesure d’affirmer devoir votre arrêt du tabac à l’usage du LSD.
* Michael Pollan, The New Science of Psychedelics - Wall Street Journal, le 3 mai 2018
Vidéo : Le sevrage tabagique expliqué en vidéo
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The New Science of Psychedelics - Michael Pollan, Wall Street Journal, 3 mai 2018
Long-term Follow-up of Psilocybin-facilitated Smoking Cessation. Johnson et al., American Journal of Drug and Alcohol Abuse, janvier 2017