Le traitement de la DMLA : otage d’un enjeu capitalistique et financier
Un pacte anticoncurrentiel fait-il flamber le prix du traitement de la DMLA ?
Contre la DMLA, nous ne disposons que d’un seul médicament ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication précise, le Lucentis.
Mais ce médicament est particulièrement cher (900 euros par mois) : il représente un gros poste de dépense de médicaments de l’Assurance maladie : 428,6 millions d’euros en 2013 (en augmentation de plus de 40 % en deux ans). Pourtant, il existe un autre médicament, l’Avastin, jugé par de nombreux médecins et chercheurs pour être aussi sûr et efficace que le Lucentis dans le traitement de la DMLA. Mais les pouvoirs publics et les autorités sanitaires n’ont toujours pas finalisé le décret qui permettrait ce que l’on appelle des « recommandations temporaires d’utilisation (RTU) » pour raisons économiques, à savoir l’usage de l’Avastin à la place du Lucentis.
Selon UFC-Que Choisir, l’Avastin étant trois fois moins coûteux que le Lucentis, l’économie substantielle serait de plus de 300 millions d’euros par an…
Pourquoi l’Avastin ne remplace-t-il pas le Lucentis ?
Le laboratoire Roche ne souhaite pas demander d’extension de l’AMM pour son médicament Avastin, attitude qui renforce les soupçons sur la nature de son entente illégale avec Novartis. Il faut dire que ces deux laboratoires sont liés par des intérêts capitalistes et financiers. En effet, les deux molécules sont issues du laboratoire Genentech, lequel a cédé un premier brevet à Roche pour la mise au point de l’Avastin qu’il a dédié au traitement de cancers digestifs, puis un brevet à Novartis qui a développé le Lucentis et obtenu une AMM dans le cadre de la DMLA. Genentech appartient entièrement à Roche, chez qui Novartis détient plus de 33 % des droits de vote…
D’ailleurs, l’Autorité de la concurrence italienne vient de condamner les deux laboratoires à 182,5 millions d’euros d’amende pour des pratiques visant à empêcher l’utilisation de l’Avastin dans le traitement de la DMLA.
En France, seule une instruction permettra le cas échéant d’établir la culpabilité de ces deux entreprises.
En attendant, l’UFC-Que Choisir presse le gouvernement de publier sans délai le décret qui permettra d’autoriser l’Avastin. L’UFC déplore « la passivité des pouvoirs publics et autorités sanitaires dans ce dossier » qui « est aussi étonnante que préjudiciable pour les usagers du système de santé ».
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