Apnées du sommeil, que faire ?
Jusqu’à il y a peu, les solutions médicales n’étaient pas satisfaisantes, soit inefficaces, soit difficilement supportables : la chirurgie (amygdalectomie associée à une résection la luette et la partie du tissu mou au fond de la gorge, voire exceptionnellement une trachéotomie dans les cas les plus sévères) et le port d’orthèses d’avancée mandibulaire. Dans les apnées légères, ces petits appareils amovibles dégagent le pharynx en avançant la mâchoire inférieure pour maintenir un filet d’air dans la bouche. Seuls 2% des apnéiques en sont équipés, une proportion inférieure à celle des pays voisins. Puis est arrivée la Pression Positive Continue (PPC). Le malade dort avec un masque où la pression de l’air inspiré est augmentée (d’à peine quelques millimètres de mercure) levant ainsi le barrage mécanique qui empêche l’air de passer. Devant ces contraintes, 15% des patients refuseraient d'être appareillés, et 35% cesseraient de suivre le traitement.
Pr Henry : « La miniaturisation des machines, leur perfectionnement (la bouche n’est plus desséchée notamment) sont tels qu’aujourd’hui, la Pression Positive Continue est bien mieux acceptée qu’auparavant (mais pas toujours !), surtout par ceux dont les apnées sont très sévères et qui retrouvent enfin des nuits reposantes et une qualité de vie satisfaisante ».
"Appareiller" ces personnes soufrant d'apnées est indispensable, tant pour améliorer leur qualité de vie que pour corriger le risque cardiovasculaire associé aux apnées du sommeil. La Pression Positive Continue (PPC) pendant trois mois réduit de manière significative plusieurs composants du syndrome métabolique* et améliore la pression artérielle. Chez les diabétiques, on sait depuis peu qu’elle pourrait aussi corriger la variabilité de la glycémie la nuit, ainsi que la sensibilité à l’insuline. Une étude de 2015 suggère qu’il faudrait rester prudent avec cette technique chez les personnes présentant un certain type d’insuffisance cardiaque chronique (dite "avec fraction d’éjection altérée") ***.
Apnées du sommeil : mieux dépistées et mieux traitées
En 2014, plus de 800 000 personnes ont été mises sous ventilation (PPC) soit une progression de 15% par rapport à 2013, et les prévisions annoncent un million en 2016, pour un coût probable d’un milliard d’euros. Bonne nouvelle, cette explosion ne s'explique pas seulement par le vieillissement et le surpoids de la population, qui sont des facteurs de risque : les apnées sont surtout mieux diagnostiquées qu'autrefois.
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D’après un entretien avec le Pr Patrick Henry, cardiologue, Hôpital Lariboisière, Paris), et l’intervention du Pr André Scheen (Liège) au congrès de la Société francophone du Diabète (SFD, mars 2015, Bordeaux)