Distilbène : Anne Cabau, la lanceuse d’alerte, est décédée à 81 ans
Lanceuse d'alerte avant la lettre. Le Dr Anne Cabau, gynécologue à l'origine de l'affaire du Distilbène®, est morte ce 1 er juillet 2018, à l'âge de 81 ans. Cette professionnelle de santé a contribué à faire connaître les effets désastreux de cette hormone de synthèse lorsqu'elle était prise pendant la grossesse.
Le médicament est déjà contre-indiqué depuis plusieurs années quand la gynécologue commence à s'intéresser à son impact. Largement prescrit entre 1950 et 1977, il est ensuite interdit dans la plus grande discrétion en France.
Mais aux Etats-Unis, les séquelles commencent à se faire ressentir sur les "filles Distilbène®". Cancers gynécologiques ou du sein, complications de la grossesse… Anomalies génitales chez les garçons exposés in utero. Les publications scientifiques se multiplient.
Constatant des cas similaires dans le pays, le Dr Anne Cabau commence donc un travail minutieux au début des années 1980. Une documentation de l'ombre qui permet de rassembler les malformations survenues après exposition à l'hormone de synthèse.
160 000 enfants exposés
"Elle a été une lanceuse d'alerte à une époque où ce terme n'existait pas, confie Nathalie Lafaye, secrétaire de l'association Réseau DES France, à l'AFP. Sans ses travaux, l'affaire du Distilbène® n'aurait jamais éclaté."
Il faudra tout de même l'intervention du Monde, qui reprend les travaux de la gynécologue dans un article, pour que le scandale prenne une réelle ampleur. Par la suite, on estimera que 160 000 enfants ont été atteints par le médicament, sur les 200 000 femmes qui l'ont reçu.
Le volet judiciaire s'avère plus complexe. Entamé en 1991, il ne s'est toujours pas refermé. Les deux premières "filles Distilbène®" à avoir engagé une action ont obtenu justice contre le laboratoire UCB Pharma après 15 ans de bataille.
Mais les indemnisations se jugent au cas par cas. Certaines patientes se sont vues déboutées, leurs fausses-couches n'étant pas attribuées au Distilbène®. En 2011, un jugement a tout de même fait jurisprudence : la cour d'appel de Versailles a reconnu un lien entre le médicament et un handicap à la troisième génération. Le petit-fils d'une femme traitée a ainsi reçu des dommages et intérêts.
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