Distilbène : informer pour dépister
Entre 1948 et 1977, près de 200.000 Françaises enceintes ont été traitées avec du Distilbène, un œstrogène de synthèse, utilisé à cette époque contre les fausses couches et la prématurité. Hélas, ce produit s'est révélé extrêmement nocif pour la 2e, voire la 3e génération.Aujourd'hui, les 80.000 jeunes femmes de moins de 35 ans exposées in utero à ce médicament risquent des complications lors d'une grossesse. Le pic de prescription du Distilbène ayant eu lieu au début des années 70.
Afin de prévenir ces complications génitales et obstétricales chez les « filles du Distilbène », l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) s'est lancée dans une campagne d'informations auprès des médecins généralistes, des gynécologues et des obstétriciens.
Chez une femme née avant 1977, une exposition au diéthylstilboestrol (DES), molécule commercialisée sous le nom de « Distilbène » par le laboratoire UCB Pharma et de « Stilboestrol » par le laboratoire Borne, doit être systématiquement recherchée en cas de :
- bilan de fertilité ;
- grossesse extra-utérine ;
- avortements spontanées à répétition du 1er et surtout du 2e trimestre ;
- accouchement prématuré ;
- lésions caractéristiques du vagin et/ou du col de l'utérus.
De plus, dans un cadre préventif, il est nécessaire de dépister ces sujets à risque. Ainsi, lors de la visite annuelle chez un gynécologue, il est nécessaire, même en l'absence de symptôme (saignements, infection gynécologique), d'explorer d'éventuelles anomalies du vagin et de l'utérus. Ces lésions sont susceptibles de provoquer des problèmes d'infertilité dans près de 30-40% des cas.Et enfin, en cas de grossesse, ces femmes exposées doivent être particulièrement suivies afin d'éviter tout risque de fausse couche tardive ou d'accouchement prématuré. Avec de telles précautions, les chances d'avoir un enfant en bonne santé à terme s'élèvent à 90%, malgré un contexte souvent difficile à vivre en raison d'une relation mère/fille marquée de culpabilité.Un dernier point reste à préciser, les risques d'adénocarcinome du vagin et du col utérin sont estimés à un pour 1.000 femmes exposées. Mais en tenant compte de l'âge moyen de survenue de cette complication (22 ans en moyenne) et de l'âge actuel des patients, ce problème est désormais exceptionnel.
L'AFSSAPS souligne par ailleurs, que le risque d'atteinte de l'appareil génital est plus lié à la période d'exposition in utero qu'à sa durée ou aux doses prescrites : « la période à risque serait située entre la 6e et la 17e semaine d'aménorrhée. »
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.