Des conséquences complexes

Cette décision sur les e-cigarettes appelle plusieurs remarques pour en illustrer la complexité :

L’une des clés de la réussite des e-cigarettes passe par la liberté de chaque vapoteur de choisir son modèle d’atomiseur (la résistance qui fait la vapeur), la puissance de sa batterie et les parfums de son e-liquide, ainsi que son dosage en nicotine. La variété des usages est donc très importante et constitue la base des échanges sur de nombreux forums. Les industriels du médicament sauront-ils offrir une telle variété de modèles et de e-liquides ? Cela paraît déterminant pour que les fumeurs décrochent du tabac.
L’autre clé de la réussite est le réseau des vapoteurs, très solidaire, et l’engagement des commerçants actuels qui passent beaucoup de temps avec chacun pour faire essayer les différentes solutions. Le pharmacien pourra-t-il devenir un vrai conseiller en cigarette électronique ? Cela ne semble pas évident, car il y a de la passion derrière ce petit business.
Maintenant que nombre de vapoteurs ont pris l’habitude d’acheter leur matériel et leurs liquides sur Internet, est-ce que ces directives européennes ne vont pas tout simplement pousser les consommateurs à davantage se pourvoir sur le net ?
Quant aux adolescents que l’on voudrait protéger de la e-cigarette qui pourrait constituer un apprentissage de la « tueuse », la vraie cigarette, ne vont-ils pas contourner tout le dispositif comme ils le font chaque jour pour s’acheter leur tabac ? Cette question est d’autant plus importante que les études actuellement disponibles sur le sujet sont pour le moins « fumeuses » et ne permettent pas de conclure à une augmentation de l’initiation au tabac via la e-cigarette.
Enfin la vraie question n’est-elle pas comment faire pour qu’un maximum de fumeurs se libère du tabac pour vapoter tranquillement ? Ce sont bien leurs cœurs, leurs cerveaux, leurs poumons et leur vie qu’il faut sauver en priorité. Et là la communication et la distribution sont des éléments-clés. Les industriels du tabac sauront-ils convaincre leurs clients de quitter la cigarette pour la e-cigarette, beaucoup moins rentable pour eux ? À moins qu’ils n’augmentent les prix une fois leur nouveau monopole établi.
Quelle position prendront les industriels du médicament ? Sauront-ils évangéliser les fumeurs quand leurs motivations peuvent être tant d’arrêter de fumer que de vapoter pour leur plaisir. Comment les toucher quand la publicité sera interdite ? Comment assurer ce nouveau métier de fournisseur de produits de consommation de sevrage du tabac certes, mais aussi de plaisirs ?
Un point me semble malgré tout très positif dans cette disposition : il sera possible de vapoter partout, car comment interdire la prise d’un médicament ? Pour le coup les adolescents vont beaucoup aimer pouvoir se soigner partout, même au lycée, et pourquoi pas en classe...
Vous avez mal à la tête avec toutes ces questions ? Rassurez-vous : vous n’êtes pas seul(e). En revanche, si vous fumez, n’attendez pas que tout ceci se précise pour vous mettre à vapoter. Profitez de l’été pour vous libérer vous aussi des tueuses. Le dernier rapport de l’Office français de prévention du tabagisme confirme largement que la e-cigarette est dénuée de tout ce qui fait la dangerosité du tabac : plus de goudron, plus de monoxyde de carbone, plus de particules fines. Respirez à plein poumon et retrouvez le plaisir de vous sentir en forme. Et à la rentrée vous y verrez plus clair.
Ah, j’oubliais : faites comme moi et allez signer la pétition de l’AIDUCE (Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarette Electronique) en faveur du maintien du système actuellement en vigueur en France, le plus ouvert pour un usage largement répandu de la e-cigarette sur http://www.aiduce.fr . Et allez-vous renseigner du vécu de milliers de vapoteurs sur les blogs et les forums tel que : http://www.forum-ecigarette.co
Le système actuel en France
Le système français, récemment confirmé par le Ministre de la santé, est de considérer que sous un certain dosage, inférieur à 20 mg de nicotine par ml, les cigarettes électroniques peuvent s’acheter n’importe où, comme des produits courants, sous le contrôle de la DGCCRF. Au-dessus, ayant le statut de médicaments, elles doivent s’acheter en pharmacie, et disposer d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Ce système très ouvert permet la plus grande distribution possible de la e-cigarette et de diffuser au maximum ce nouvel usage qui permet à de très nombreux fumeurs de se libérer du tabac.
Source : Directive européenne sur les produits du tabac, 10 juillet 2013.