Médicaments et effets secondaires : à qui la responsabilité ?
Cette question, ou plutôt ce sujet à controverse, a été soulevée par les entreprises du médicament (Leem) elles-mêmes.Dans le domaine du médicament, les situations les plus extrêmes se rencontrent fréquemment. A titre d'illustration, l'affaire de la cérivastatine est on ne peut plus d'actualité, où les industries pharmaceutiques sont accusées de faire prendre des risques au patient à leur seul bénéfice. Mais l'inverse est également vrai, lorsque récemment des associations de malades contre le Sida ont demandé l'accès à un nouvel antirétroviral, alors que les essais cliniques n'étaient pas terminés.
Or il faut bien conserver à l'esprit que l'intérêt de l'industrie pharmaceutique reste de minimiser les risques pour le patient, puisque la mise sur le marché d'un médicament dépend précisément d'un rapport bénéfice/risque suffisant.
En fait, autour du médicament, les responsabilités doivent être multiples. En effet, pour chaque produit, interviennent : l'entreprise pharmaceutique qui produit le médicament, les autorités sanitaires qui le contrôlent (l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé – AFSSAPS), le médecin qui le prescrit et enfin le patient qui suit le traitement.
En permanence, des médicaments obtiennent une autorisation de mise sur le marché (AMM), tandis que d'autres sont retirés en raison d'effets secondaires et donc d'un rapport bénéfice/risque devenu insuffisant. Certaines décisions sont parfois très difficiles. Par exemple le Tasmar, un produit très efficace pour diminuer les symptômes parkinsoniens, a été par ailleurs responsable de 4 cas d'hépatite fulminante. Face à ce risque, certes rare, mais très grave et imprévisible, l'AFSSAPS a décidé en 1998 de le retirer du marché. Par la suite, de nombreux patients se sont manifestés ne comprenant pas pourquoi on leur ôtait un médicament très efficace, à tel point que certains se déclaraient près à prendre le risque.
Le médecin
En permanence, le médecin fait des choix et prend des risques : diagnostic, thérapeutique. Par ailleurs, il est souvent amené à prescrire des médicaments hors AMM (n'ayant pas reçu d'AMM pour cette indication), soit en utilisant des doses différentes, soit dans des indications différentes. Cette démarche est particulièrement fréquente chez l'enfant pour lequel l'AMM ne prévoit que rarement d'indication en pédiatrie.
Le patient
En acceptant la prescription et en suivant les conseils d'utilisation, le patient prend sa part de responsabilité. En effet, on constate que 20% des Français n'achètent pas les médicaments qui leur sont prescrits et 85% n'adhèrent pas aux recommandations de leur médecin. Il est important de privilégier la relation médecin-patient. Les pharmaciens aussi doivent représenter une force de conseils.
Doit-on rendre au patient sa place centrale dans la décision du choix thérapeutique ? En effet on peut se demander si à la place de priver tout le monde d'une molécule, on ne pourrait pas retirer l'AMM et la remplacer par une « Autorisation temporaire d'utilisation nominative ». Celle-ci, comprenant une signature de décharge, permettrait à certains patients de prendre pour eux-mêmes le risque.Après une période dans laquelle le pouvoir médical prévalait, cette proposition aurait le mérite de rendre un pouvoir décisionnaire aux malades et de répartir la donne.
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