Médicaments et seniors : 2/3 des effets indésirables sont évitables !
Les médicaments soulagent, préviennent ou guérissent. Mais leur efficacité thérapeutique s'accompagne parfois d'effets indésirables, lesquels sont d'autant plus fréquents et/ou sévères que le traitement est mal adapté ou mal suivi. Or ceci s'observe beaucoup plus volontiers chez les sujets âgés, qui sont plus fragiles, moins observants et présentent souvent de multiples pathologies.
Les sujets âgés sont plus fragiles
Les évènements de la vie auxquels chacun est exposé affectent davantage les personnes âgées. Ils sont de nature à déstabiliser la relation au traitement. Un deuil, un déménagement sont de véritables traumatismes. Une maladie infectieuse, banale chez un sujet plus jeune, peut déstabiliser gravement l'équilibre physiologique d'une personne avancée en âge. Sa réaction aux médicaments peut s'en trouver sérieusement affectée.Pourquoi ? Tout simplement en raison du vieillissement de l'organisme qui a pour corollaire une augmentation du nombre des pathologies ou leur aggravation. En conséquence, les affections chez le sujet âgé sont plus nombreuses, souvent associées et intriquées. La consommation de soins est accrue, les ordonnances établies par un ou plusieurs médecins (généralistes et spécialistes) s'allongent et se compliquent rapidement.Les patients de plus de 70 ans prennent en moyenne 4 à 5 médicaments par jour, du fait justement de la co-existence de pathologies et de risques.
Soulignons que la vieillesse n'est pas une maladie, mais elle est marquée par une dégradation de certaines capacités fonctionnelles (fonction rénale, hépatique ), entraînant une plus grande sensibilité aux agressions et une propension accrue à développer des maladies. D'où la nécessité de recourir à des médicaments, préventifs et/ou curatifs.
Une observance incertaine
Mais parallèlement, plus de la moitié des personnes âgées font preuve d'un manque de rigueur dans la prise de leurs médicaments. Oubli ou confusion, le traitement est soit omis, soit pris deux fois, soit de manière erronée, un produit à la place d'un autre ou à une posologie inadéquate. Le moindre changement de lieu ou d'habitude est ici redoutable. De plus, le devenir des médicaments chez le senior, et par conséquent leurs effets, diffèrent de ce que l'on observe chez le sujet plus jeune, en rapport notamment avec un certain degré de dénutrition, d'insuffisance rénale ou hépatique. Une surveillance accrue, un respect strict des conditions d'emploi ainsi qu'une adaptation des doses et des horaires de prises deviennent donc essentiels.
Au final, si une partie des effets indésirables des médicaments est inhérente aux évolutions physiologiques du vieillissement, près de 90% d'entre eux sont évitables !
Ainsi, les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, dentistes ) doivent réévaluer régulièrement les traitements pris au long cours, le cas échéant « dé-prescrire », adapter les posologies, être attentifs aux prises de médicaments simultanées, avec ou sans prescription, etc. Mais aussi, expliquer aux patients âgés le rôle et l'utilité de leurs médicaments, sans oublier de détailler leur mode d'utilisation.Et enfin, il leur est essentiel de bien connaître les patients en les questionnant régulièrement sur tout changement (hospitalisation, déménagement, soucis personnels ).
Du côté du patient senior, il doit être encouragé à engager le dialogue avec le médecin, le spécialiste, l'infirmière ou le pharmacien, et à suivre scrupuleusement son traitement. Il est invité à questionner son médecin et à lui signaler tout changement dans ses habitudes, dans son environnement, et tous symptômes inhabituels, aussi mineurs soient-ils. Toute visite chez un spécialiste doit être signalée au médecin généraliste. Il est important aussi de le dissuader de recourir à toute automédication. Et bien entendu, pourquoi ne pas demander de l'aide à son entourage et à ses proches : vérifier ensemble la bonne compréhension d'une posologie, lecture des notices, aide pour ouvrir un flacon, organisation d'un rituel pour ne pas oublier de prendre ses médicaments, etc.
En respectant ces différents points, il devrait être possible de réduire de 60% les effets indésirables des médicaments chez les personnes âgées.
Et finalement, pourquoi attendre d'être soit même senior pour respecter les bonnes pratiques médicamenteuses. Dès maintenant, osez poser des questions sur vos affections, sur vos traitements : pourquoi tel médicament ? Quel va être son effet ? Quelle va être la durée du traitement ? Comment risquent de se manifester d'éventuels effets secondaires ? Etc. C'est une façon de prendre en charge sa santé et ce, dès la prescription du premier traitement.
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