Parents âgés : faut-il les prendre chez soi ?

Le caractère peut devenir difficile avec l'avancée en âge. Et c'est encore plus difficile quand ce sont de vos parents dont il s'agit.Vous vous sentez une responsabilité, vous avez à gérer la vie concrète de tous les jours en prenant en compte leurs besoins... et leur caractère.Claudine Badey-Rodriguez, psychologue, gérontologue et psychothérapeute à Nice, nous a accordé une interview (1).
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Le quatrième âge des parents n'est-il pas le moment pour rendre aux parents tout ce qu'ils nous ont donné ?

La façon dont vont se vivre les relations parents / enfants dans le grand âge dépend beaucoup de toute l'histoire familiale, y compris depuis l'enfance.

  • Dans certains cas, les enfants ont le sentiment d'avoir reçu énormément de leurs parents et se sentent redevables ou ont, tout simplement, envie de donner autant qu'ils ont reçu, par gratitude.
  • Mais, dans d'autres familles, les enfants ont pu subir de la maltraitance physique ou de la maltraitance psychologique comme de l'humiliation, des vexations, des punitions, de la négligence : ils peuvent ne pas avoir mis en place d'attachement, ou ont reçu très peu de manifestations d'amour. Et ils ne peuvent pas donner ce qu'ils n'ont pas reçu. Ils n'en sont pas capables.

Il y a une pression sociale très forte dans le sens : "Il faut aimer ses parents, on doit s'occuper d'eux", indépendamment du type de relations que les parents ont établi avec leurs enfants. Cette pression sociale engendre une importante culpabilité, y compris chez les personnes qui ont vécu des choses difficiles avec leurs parents, et qui peuvent alors s'entendre dire : "Ils sont vieux maintenant, le temps a passé, tu peux leur pardonner, et ce sont quand même tes parents… ".

De ce fait, en thérapie, j'entends des enfants adultes commencer leur explication en me disant : " Vous allez penser que je suis un mauvais fils ou une mauvaise fille, mais…"

Est-ce qu'il est encore fréquent que des enfants prennent leur(s) parent(s) chez eux ?

  • Souvent, ce sont des femmes seules, veuves, célibataires ou divorcées qui prennent un parent à domicile.

    La contrepartie, plus ou moins inconsciente, peut être de moins ressentir la solitude. Le problème, c'est que souvent, elles ne mesurent pas la difficulté que cela peut poser un jour, la charge physique et psychologique que cela va représenter.

  • Il y a aussi des enfants qui prennent leur parent chez eux à cause de la culpabilité qu'ils ressentent, en raison aussi de la mauvaise image des maisons de retraite.
  • Et puis, il y a des raisons financières.

    C'est parfois plus facile financièrement de les prendre chez soi que de payer pour une maison de retraite.

Mais accueillir un parent chez soi lorsqu'on est en couple, en famille, peut conduire à des tensions insupportables et à des conflits avec ses proches ; certaines personnes sacrifient leur propre vie familiale et de couple pour leur parent, ou usent leur santé en allant jusqu'à l'épuisement.

Voici un conseil primordial :

Quand on prend un de ses parents chez soi, il faudrait être clair sur le fait que ce n'est pas forcément définitif.

Il faut expliquer : "Pour l'instant, c'est possible pour moi, mais si c'est trop difficile, trop douloureux, trop lourd, peut-être faudra-t-il envisager d'autres solutions… "

C'est essentiel de le dire dès le début, sinon, on peut se sentir pris au piège.

Et ce serait dommage de finir par détester quelqu'un que l'on aime.

Lorsqu'on vit en couple ou en famille, la décision d'accueillir un parent chez soi devrait être mûrement réfléchie et prise d'un commun accord entre tous les protagonistes.

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