Pollution : le port de masques n’est pas utile, selon une agence sanitaire
3,7 millions de décés prématurés sont imputables à la pollution de l'air chaque année, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pour s'en prémunir, des masques dits "anti-pollution" sont arrivés sur le marché. Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), l'efficacité de ces dispositifs reste encore à démontrer.
L'autorité sanitaire a évalué 215 produits revendiquant une efficacité de protection contre la pollution de l'air ambiant. Parmi eux, des demi-masques, des épurateurs portatifs, des filtres intranasaux ou encore un tour de cou filtrant. Tous ces équipement sont équipés d'une pièce filtrante, censée purifier l'air avant qu'il n'arrive aux voies respiratoires.
C'est pourquoi les tests n'ont pas intégré les masques de type chirurgical, que l'on voit souvent dans les rues d'Asie. Ces dispositifs n'assurent aucune fonction respiratoire et ont, pour seul objectif, d'éviter au porteur de contaminer son environnement.
Un mauvais usage
L'Anses a souligné que l'efficacité des masques dits "anti-pollution" est d'abord conditionnée par l'usage de chaque utilisateur, notamment un bon positionnement et un entretien régulier du dispositif.
Parmi les utilisateurs de masques dont le filtre doit être remplacé régulièrement, 19 % ne l'ont pas fait car ils ne savaient quand le changer et 6 % ne savaient pas où se procurer de nouveaux filtres. Un manque d'information qui touche notamment le grand public, rarement formé aux gestes d'hygiène et de sécurité.
Lorsque ces masques sont utilisés correctement, ils n'assurent cependant pas une protection optimale. La plupart des masques recensés sur le marché français protègeraient contre les particules présentes dans l'air ambiant - comme les particules fines (PM) émises par les voitures - mais pas contre les substances présentes à l'état gazeux (oxydes d'azote, dioxyde de soufre, etc).
Au vu de leur efficacité limitée, ces masques pourraient même avoir un effet délétère sur la santé des utilisateurs en leur procurant un faux sentiment de protection. L'Anses prend l'exemple des cyclistes, principaux utilisateurs de ce type de dispositif : "un cycliste portant un masque circulant sur un axe à fort trafic pourrait être, in fine, plus exposé qu’un cycliste ne portant pas de masque mais choisissant d’emprunter des axes moins fréquentés".
Des conséquences sur la santé
L'autorité de santé conclut à "l'insuffisance de données disponibles, notamment en conditions réelles d'utilisation, pour attester d'un bénéfice sanitaire lié au port de masques dits "anti-pollution" par le grand public", et conseille aux pouvoirs publics de ne pas encourager le port de ces équipements.
La pollution de l'air est responsable du développement de pathologies chroniques, notamment respiratoires et cardio-vasculaires. Des travaux récents pointent également un lien entre une exposition à la pollution de l’air ambiant et l’apparition de troubles neurologiques, de troubles de la reproduction ou encore la survenue de pathologies telles que le diabète.
Lors des "pics de pollution", le Ministère de la Santé conseille notamment de :
- Reporter les activités physiques et sportives intenses en plein air;
- Limiter les déplacements en extérieur pour les publics vulnérables (enfants, femmes enceintes, personnes âgées, asthmatiques...).
Vidéo : L'asthme expliqué en vidéo
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- "Se protéger en cas de pic de pollution de l’air", Ministère de la Santé, 12 juillet 2018