A quoi sert le sommeil ?
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La lumière la nuit, une pollution qui perturbe le sommeil

La lumière est un facteur clé du fonctionnement de notre horloge interne, qui est un ensemble de 20 000 neurones situé dans une région cérébrale appelée hypothalamus et régulant le rythme veille/sommeil. Lorsque l’horloge reçoit le message transmis par la lumière en journée, l’organisme est synchronisé. En revanche, quand l’horloge est exposée de façon chronique à la lumière la nuit, l’organisme, désynchronisé souffre alors d’un manque de sommeil. Si elle se prolonge, elle devient une véritable dette de sommeil avec, à la clé, divers troubles dont certains peuvent être graves en cas de privation chronique de sommeil : augmentation du risque de troubles du sommeil, de troubles cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral), de troubles métaboliques (surpoids, obésité, intolérance au glucose voire diabète de type 2 après de longues années). Par ailleurs, des études épidémiologiques ont montré un risque augmenté de cancershormono-dépendants (sein, prostate) lorsque le travail de nuit dure plus de 20 ans.

Dettes de sommeil, qui est concerné ?

15 % de la population active travaille la nuit : ce sont les travailleurs de nuit, ceux dont les horaires de travail ne sont pas fixes ou en dehors des horaires habituels. Adultes et adolescents dont le sommei l est retardé sont aussi concernés. Le risque de désynchronisation de l’horloge interne des adolescents devient inquiétant ; ils sont de plus en plus nombreux à accumuler une dette de sommeil à cause du temps passé devant les écrans tard le soir, ce qui entraîne fatigue, somnolence diurne, mais aussi anomalies métaboliques, troubles de l’humeur ou neurocognitifs avec une baisse des résultats scolaires.

Pr Touitou : « L’exposition à la lumière artificielle la nuit engendre des troubles du sommeil. La lumière, même de faible intensité comme celle apportée par les LED des tablettes ou des téléphones portables, inhibe la sécrétion de mélatonine qui est l’hormone de l’obscurité, facilitatrice du sommeil. Le spectre lumineux c’est-à-dire la longueur d'onde des LED se trouve dans le bleu, c’est à dire vers 460-480 nanomètres. Or cette raie bleue est celle qui interfère de façon prédominante avec notre horloge interne. En avançant ou en retardant la phase du système circadien selon l’heure d’exposition, l’horloge interne de la personne est désinchronisée ».

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Source : D’après un entretien avec le Pr Yvan TOUITOU (Membre de l’Académie nationale de médecine Unité de Chronobiologie, Fondation A. de Rothschild, Paris), ancien président de l’Académie nationale de Pharmacie (Paris), à l’occasion de son intervention « Pollution de l’horloge interne par la lumière la nuit : un problème de santé publique » à l’Académie nationale de médecine (Paris, le 6 octobre 2015) ainsi que celle du *Dr Carmen M. SCHRÖDER (Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, CHU de Strasbourg. CNRS UPR 3212, équipe 9, « Lumière, rythmes, homéostasie du sommeil et neuropsychiatrie », Institut des Neurosciences cellulaires intégratives) « Désordres circadiens du sommeil de l’adolescent. Rôle du multimédia »