Règles abondantes : une étude révèle la protection hygiénique la plus efficace
En France, les menstruations concernent 15,5 millions de femmes âgées entre 30 et 50 ans. Loin d’être anecdotique, les règles représentent environ 38 années dans la vie d’une femme, selon un rapport d’information de l’Assemblée nationale sur les menstruations.
En termes de protections menstruelles, cela représente 11 400 protections sur la vie d’une femme (en se basant sur une utilisation de 5 protections par jour), révélait encore ce rapport. Un recours indispensable aux produits d’hygiène menstruelle qui a un coût significatif sur le budget des femmes : celui-ci est estimé entre 8 000 et 23 000 euros sur une vie.
L’accès aux produits d’hygiène menstruelle reste une source d’inégalités pour lequel militent de nombreuses femmes. Une inéquité qui pèse sur la santé féminine, à laquelle s’ajoute l’impact psychologique et physique des règles chez les femmes.
Le tabou persistant des règles
Ce mal-être, doublé de la difficulté à parler des menstruations, a été pointé du doigt dans une enquête Ipsos/Intimina parue en mai 2021. Ce sondage révélait que 46% des femmes ont déjà eu le sentiment que la gêne ou la douleur de leurs règles étaient sous-estimées par leurs amis hommes. L’invisibilisation des menstruations et des symptômes ressentis est vécue comme une double peine, alors qu’en France près d’une femme sur deux souffre de règles douloureuses. Chez les femmes, âgées de 15 à 19 ans, ce taux grimpe même à 60 %.
Si le sujet des règles est peu abordé en société, la littérature scientifique ne fait pas exception. Le nombre de travaux réalisés sur le sang menstruel en est un bon reflet, rappellent des chercheurs américains dans une nouvelle étude parue sur le sujet, dans la revue BMJ Sexual & Reproductive Health : "une seule étude sur le sang menstruel a été publiée entre 1941 et 1950, et seulement 400 au cours des dernières décennies". Une quantité plutôt faible en comparaison des quelques 10 000 études menées sur les troubles de l'érection au cours de la même période, relèvent les scientifiques.
Règles abondantes : une femme sur trois concernée
Avec leur nouvelle publication, le Dr Bethany Samuelson Bannow, du département de médecine de l’Oregon Health & Science University, à Portland (Etats-Unis), aidé de ses collègues, espère briser un peu ce tabou autour des menstruations.
Leur nouvelle étude s’est penchée sur l’efficacité des différentes protections hygiéniques face aux règles abondantes. Peu d’études ont été conduites sous cet angle alors que les flux menstruels abondants touchent une femme sur trois en moyenne dans le monde.
On considère que les règles sont abondantes quand leur durée excède 7 jours et/ou que la quantité totale du sang menstruel est supérieur à 80 ml par jour, soit "l’équivalent de près de 5 cup de taille moyenne remplies, ou plus de 5 tampons super plus ou plus de 5 serviettes hygiéniques super plus remplies", rappelle le CHU de Lyon.
Loin d’être anodines, les règles abondantes peuvent cacher des problèmes de santé sous-jacents, comme un trouble de la coagulation ou des fibromes, affirment les chercheurs.
Une étude comparative inédite menée avec des globules rouges humains
Dans l’optique de déterminer le type de protection hygiénique le plus efficace pour contenir des flux abondants, les chercheurs ont testé et comparé 21 produits d’hygiène menstruelle couramment utilisés : tampons hygiéniques, cups menstruelles, disques menstruels, serviettes hygiéniques, culottes menstruelles.
Dans le détail, les chercheurs ont testé : des serviettes hygiéniques ordinaires de deux fabricants différents, avec des capacités d'absorption différentes, des serviettes pour les saignements postnatals ; des tampons de la même marque avec des capacités d'absorption différentes ; des coupes menstruelles de la même marque avec des tailles différentes ; quatre marques différentes de disques menstruels, et trois paires de culottes menstruelles super absorbantes.
Fait notable, alors que les fabricants réalisent leurs tests de capacité de remplissage des protections hygiéniques courantes (tampons et serviettes) à l’aide d’une solution saline ou de l'eau, les chercheurs ont innové en utilisant des globules rouges humains.
En comparant ainsi les capacités d'absorption et de remplissage des différents échantillons, ils ont pu obtenir des résultats plus probants, plus proches du sang menstruel.
Quelles sont les protections périodiques qui se sont révélées les plus efficaces ? Verdict…
Les disques menstruels, les plus efficaces pour les règles abondantes
Les disques menstruels ont réussi à contenir plus de sang (61 ml).
Moins connus que les cups menstruelles, ces disques sont plus larges et plus plats. Fabriqués en silicone médical, ces disques constituent des dispositifs hygiéniques similaires aux cups.
Les culottes menstruelles : les moins indiquées en cas de règles abondantes
Malgré leur popularité, leur confort et leur côté écolo-pratique, les culottes menstruelles n’ont pas brillé aux tests : elles sont les protections périodiques qui ont contenu le moins de globules rouges (2 ml), quelle que soit leur taille.
Règles abondantes : les tampons, serviettes et coupes menstruelles ex aequo
Les tampons, les serviettes hygiéniques et les coupes menstruelles ont obtenu des résultats équivalents : ces trois types de protection périodique ont pu contenir des quantités similaires de globules rouges, soit entre 20 et 50 ml.
Protections hygiéniques : des étiquettes trompeuses
Autre enseignement de l’étude comparative : les chercheurs ont remarqué un décalage entre la capacité d'absorption déclarée sur les produits hygiéniques et la capacité d'absorption réelle. "La capacité d'absorption des produits ne correspondait pas à nos résultats : la majorité des produits indiquaient une capacité supérieure à celle constatée lors de nos tests, expliquent les chercheurs. Nous pensons que cela est dû au fait que les produits ont été testés avec des liquides non sanguins, tels que l'eau ou le sérum physiologique", précisent les chercheurs.
Cette étude comparative est perfectible, concèdent les chercheurs, dans la mesure où elle n’a pas été testée en conditions réelles sur des personnes.
Mais ses conclusions devraient néanmoins œuvrer à une meilleure compréhension de la véritable capacité des produits menstruels, en plus d’inciter les consommatrices à se méfier des allégations d’efficacité, plus ou moins fiables, vantées sur les étiquettes des produits hygiéniques.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.