Stigmatisation des malades mentaux…
Ce projet de loi provoque un dangereux amalgame entre les délinquants et les malades mentaux. «Cette réforme se fonde sur le présupposé scientifiquement erroné que tous les malades mentaux sont potentiellement dangereux et criminels. Pourtant, 80 à 85 % des auteurs d’homicides, sont indemnes de maladie mentale grave. Cela ne fera que renforcer les méprises : l’emprisonnement de malades et l’hospitalisation de criminels qui ne relèvent pas des soins psychiatriques», prédit Paul Machto. L’intervention du juge des libertés et de la détention à posteriori (15 jours après la première décision) renforce d’ailleurs cette confusion ! «Auparavant, nous déplorions une réduction du patient à sa maladie. Aujourd’hui, il y a en plus confusion de la personne souffrante à un sentiment d’insécurité qui ne cesse d’être invoqué par les politiques», affirme Paul Machto.
Loi contreproductive !
Bien sûr, cette loi a pour but de protéger la société des «dangereux malades». Alors, le citoyen peut-il dire dormir tranquille ? Pas si sûr ! «Les personnes les plus perturbées souffrent souvent d’une méfiance extrême, voire d’un sentiment de persécution. Elles se sentent plus facilement surveillées et épiées. Elles sauront vite que leur psychiatre ou leurs soignants pourront les dénoncer au directeur de l’hôpital et au préfet en cas de refus ou d’opposition aux soins. Elles sauront aussi qu’elles risquent alors un retour forcé à l’hôpital. Leur premier réflexe sera certainement de se sauver, échappant à tout contrôle», prévient Paul Machto. Dans un tel contexte de fuite, ces individus ayant le sentiment d’être cernés ou pourchassés risquent fort de basculer vers des actes graves...
Le mythe du médicament
Les soins évoqués dans le projet de loi concernent principalement les traitements médicamenteux, notamment une injection mensuelle de neuroleptiques retards pour les patients psychotiques. «Ce dispositif repose sur un mythe médical : les médicaments seuls sont des soins et ils entraînent la guérison. Or, ce n’est pas le cas ! L’accès aux soins psychothérapeutiques, comme la thérapie comportementale ou psychanalytique, sont indissociables du traitement médicamenteux. Mais ce projet de loi ne favorise pas du tout ce type de soins», regrette Mathieu Bellahsen, interne en psychiatrie.
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