Soins psychiatriques sans consentement ?
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72 heures de garde à vue !

Le projet de loi prévoit que les patients en état de crise sont obligatoirement placés sous surveillance pendant 72 heures dans un établissement psychiatrique. Ils y reçoivent alors des soins psychiatriques intensifs. «Au bout de trois jours, les psychiatres parviennent bien souvent à obtenir le consentement de la personne : elle va mieux, comprend la nécessité de poursuivre les soins, et s’engage d’elle-même dans une démarche thérapeutique, à l’hôpital ou en ambulatoire. Cette période de 72 heures évitera donc des mesures de contrainte beaucoup plus longues», a précisé Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la Santé, lors de la présentation du projet de loi devant le Sénat, le 10 mai 2011. Pour leur part, la majorité des psychiatres ne voit pas les choses de la même manière. «Le passage de 24 à 72 heures d’observation avant que le médecin ne se prononce laisse la porte ouverte aux abus à l’encontre du patient. Cette durée ressemble plus à une “garde à vue” qu’à une période de soins pourtant primordiale», estime Paul Machto.

Tous concernés ?

Et si cette loi ne concernait pas seulement les malades mentaux ? En effet, une des dérives possibles est de pouvoir contraindre n’importe qui à des soins psychiatriques ! «Imaginons un patient qui consulterait dans un Centre Médico-Psychologique (CMP) pour une légère déprime, en disant “J’ai parfois des idées suicidaires”. S’il refuse à plusieurs reprises les antidépresseurs prescrits, la nouvelle loi me permettra de le mettre de force en soins ambulatoires sans consentement, pour le “protéger», prévient Mathieu Bellahsen. Si l’on va plus loin, un employé qui souffre de mauvaises relations avec son patron pourrait très bien être diagnostiqué “revendiquant paranoïaque” et se voir contraindre par un psychiatre de se soigner. Voilà une nouvelle loi qui a de quoi rendre fou !

Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

«Le Collectif des 39» s’est constitué le 12 décembre 2008 autour de l’Appel contre La Nuit Sécuritaire. Cette pétition lancée en réaction au discours du président de la République du 2 décembre 2008, qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité, a été signée depuis par près de 30 000 Français. Ce collectif réunit principalement des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus, des personnes du monde de la Culture….

Pour plus d’informations : www.collectifpsychiatrie.fr

France et psychiatrie : quelques chiffres…

- 1 200 000 personnes sont suivies chaque année, en psychiatrie hospitalière, privée, ou en simples consultations.

- Environ 70 000 personnes sont hospitalisées sans consentement par an, soit à la demande d’un tiers (60 000 cas) ou d’office en cas d’atteinte «à la sûreté des personnes» ou «à l’ordre public» (10 000 cas).

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