Engager l’opinion publique contre les industriels du tabac
Autre événement notable dans l’actualité du tabac : la publication de Golden holocaust une somme des principaux extraits des documents internes de l’industrie du tabac depuis 50 ans.
Au total 13 millions de documents ont été passés en revue par Robert Proctor qui y consacre toute sa vie depuis que les industriels du tabac ont été condamnés aux Etats-Unis à rendre publiques toutes leurs notes internes. Quand on sait que cette industrie a tué plus de 50 millions de personnes depuis la dernière Guerre Mondiale (soit plus que toutes les guerres du XXème siècle), on est atterré de constater à quel point la recherche scientifique, le marketing et le lobbying ont été dévoyé pour cette cause infâme.
- Saviez-vous que grâce à ce lobbying, pour 2 euros de nourriture envoyés en Europe après guerre au cours du plan Marshall, 1 euro de tabac prenait le même chemin ?
- Saviez-vous que grâce à cette recherche, on fume des cigarettes qui ne s’éteignent jamais (elles sont responsables d’un incendie sur deux dans le monde), ou encore que leur fumée est si adoucie que nous pouvons l’inhaler profondément et être encore plus dépendants ?
- Saviez-vous que le marketing a toujours obtenu de ne jamais faire la moindre allusion au polonium qui se concentre dans les feuilles du tabac et qu’il a fait stopper les recherches visant à diminuer cette radioactivité.
Pourquoi dépenser de l’argent à satisfaire une demande non exprimée… D’autant plus que des cigarettes sans polonium attireraient l’attention des fumeurs. Ah bon, nos cigarettes sont radioactives ?
A force de se battre pour son essor, l’industrie du tabac a réussi à retarder de 50 ans la prise de conscience collective du grave danger du tabagisme. Elle a retardé d’autant la publication des lois anti-tabac dans nombre de pays et le député Yves Bur a bien raison de rappeler qu’il n’y a plus de temps à perdre.
Comme Robert Proctor a bien raison de souligner que nous ne nous battons pas contre une fatalité, mais contre une industrie malsaine prête à tout pour nous amener à une mort atroce.
Je me souviendrai toute ma vie de cette nuit en réanimation, en plein été, où le bip n’arrêtait pas de sonner dans la salle 2, car un malade n’arrêtait pas d’arracher les tuyaux de son respirateur artificiel. Les infirmières se mettaient à trois pour le rattacher et rebrancher le respirateur. Il voulait mourir car il souffrait trop. Il était encore jeune, à peine soixante ans. J’ai décidé ce jour-là que je ne mourrai jamais d’une insuffisance respiratoire et j’ai arrêté de fumer. C’est trop atroce. On se voit mourir dans d’affreuses souffrances, et dans une condition inhumaine. Et je ne parle pas de ceux que j’ai vu pleurer parce qu’ils allaient abandonner leurs familles à leur sort : « Docteur, si j’avais su ! »
Autant que ces souffrances et que ces morts ne soient pas inutiles à ceux qui suivent : évitons la honte d’échouer encore face à cet empire du crime que sont les industriels du tabac.
Sources : Le Monde culture des idées 25/02/2012 et Le rapport du Député Yves Bur pour sortir du tabac.
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