Ces 5 phrases sont grossophobes et vous devriez arrêter de les prononcer
En France, 36,9% des hommes sont en surpoids et 17,4% des femmes sont en situation d’obésité, selon l’Inserm. Il y a un an, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alertait déjà sur une “épidémie d’obésité” en Europe, citant, là aussi, des chiffres inquiétants : près d’un quart des Européens sont obèses. Désormais, l'Europe est la 2 e région du monde la plus touchée après l’Amérique du Nord.
“Chaque jour, les gros sont victimes de discriminations”
Ces chiffres étant posés, il convient de rappeler que les personnes en situation d’excès de poids (ce terme comprend le surpoids et l’obésité) sont conscientes de leur situation : leurs proches, leurs collègues, les passants et même leurs médecins le leur rappellent tous les jours.
Comme l’expliquent les militant·e·s et auteurices Daria Marx et Eva Perez-Bello dans l’essai “Gros” n’est pas un gros mot : “Chaque jour, les gros sont victimes de discriminations : si vous pesez 150 kilos, vous aurez du mal à trouver un travail (vous êtes présumé fainéant), à vous habiller (les magasins ne vendent pas de vêtements en taille 60), à vous soigner (il faudra dénicher un cabinet équipé pour vous prendre en charge, et la bienveillance n’est pas toujours au rendez-vous), à prendre l’avion (peut-être devrez-vous réserver un second siège), à vous faire prescrire une contraception, mais aussi à avoir un bébé si l’envie vous en prend... Vous aurez du mal à vivre normalement. Nos préjugés sur les personnes grosses et les comportements qu’ils entraînent ont des conséquences parfois dramatiques. La grossophobie pollue toutes les sphères de la vie.”
Aussi, afin que chacune et chacun puisse lutter contre ses propres biais grossophobes, il est nécessaire d’arrêter d'émettre certaines remarques, listées ci-dessous.
“Tu as perdu du poids ! Ça te va bien”
Cette phrase implique que la personne en situation d’excès de poids qui en a perdu n’était pas attirante auparavant. Cela peut être ressenti comme une insulte et accentuer un éventuel mal-être.
“Tu es gros·se, mais toi, tu es belle/beau”
Cette phrase équivaut à dire qu’une personne grosse est rarement belle, alors que ces 2 caractéristiques n’ont pas à être décorrélées. Être belle/beau en étant gros·se serait une exception suffisamment rare pour être notée, censée rassurer la personne, qui se sentirait alors unique.
“Aujourd’hui, je m’accorde un petit plaisir, tant pis pour les calories !”
En d’autres termes, on affirme qu’on mange correctement en temps normal, mais qu’aujourd’hui, on s’offre un “break”, un repas qui fait grossir, mais qui ne doit absolument pas devenir une habitude si l’on veut rester “dans la norme”. Cette phrase s’avère particulièrement excluante pour les personnes en excès de poids.
“Au moins, être malade te fera perdre du poids”
Dans le HuffPost américain, Tegan Lecheler, membre de l’association anti-grossophobie National Association to Advance Fat Acceptance, affirme que c’est une phrase que l’on entend régulièrement après une grippe ou un Covid, par exemple. Sauf qu’il n’y a rien de bon à contracter ces pathologies ! Cela serait vu comme un mal pour un bien, ce qui est violent à entendre.
“Je me sens grosse”
Nous avons tous et toutes probablement prononcé cette phrase un jour. Pourtant, être gros·se n’est pas une sensation, mais une réalité, qui charrie son lot de discriminations. Pour les personnes souffrant de ballonnements, d’une prise de poids légère ou de dysmorphophobie, il vaut mieux éviter de prononcer cette phrase devant une personne en excès de poids.
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https://www.huffpost.com/entry/fat-shaming-phrases-words_l_64219fc7e4b0ad12f3499694
“Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné. État des lieux, prévention et solutions thérapeutiques”, un communiqué de l’Inserm.
https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/#:~:text=En%202020%2C%20les%20hommes%20sont,%2C7%20%25%20chez%20les%20hommes.
“Gros” n'est pas un gros mot, un livre de Daria Marx et d’Eva Perez-Bello (éd. Flammarion)
“WHO EUROPEAN REGIONAL OBESITY REPORT 2022”, un rapport de l’OMS.
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/353747/9789289057738-eng.pdf