Compléments alimentaires : malgré leur succès, l’efficacité reste à démontrer
Charbon actif, psyllium, magnésium… Les compléments alimentaires ont la cote en France. D'après un récent sondage, commandé par le Syndicat national des compléments alimentaires (Sinadiet), une personne sur deux en a déjà pris pour améliorer son état de santé.
Il faut dire qu'en la matière, Françaises et Français font acte de foi. Deux sur trois estiment que ces gélules, poudres et comprimés ont un effet bénéfique sur la santé. La plupart leur font confiance pour corriger un déséquilibre alimentaire, pour lutter contre les petits maux du quotidien ou encore pour prévenir certains problèmes.
Pas d'efficacité prouvée
"Il n'y a aucune base scientifique à tout ce que prétendent prévenir ou guérir ces produits, objecte Jean-Paul Giroud, pharmacologue membre de l'Académie de médecine interrogé par l'AFP. De fait, ces promesses miraculeuses, on ne les retrouve pas sur les emballages des compléments alimentaires.
Rien d'étonnant à cela : les fabricants n'ont pas le droit d'indiquer une utilisation thérapeutique, ni une posologie. Ces produits ne sont, en effet, pas considérés comme des médicaments et n'ont pas apporté la preuve de leur efficacité.
Comme le précise le ministère de la Santé sur son site, ces compléments sont "des denrées alimentaires régies par une réglementation européenne concernant leur fabrication et leur commercialisation". Une législation forcément plus souple que celle des médicaments. Mais pas inexistante.
Les compléments alimentaires peuvent contenir un certain nombre de nutriments, de plantes – hormis celles à usage thérapeutique – mais aussi d'ingrédients traditionnels, d'additif et d'arômes. Tous doivent être autorisés dans l'alimentation humaine.
Un risque d'intoxication réel
"Si les Français croient qu'ils reçoivent des fabricants une information alors qu'en vérité il s'agit de publicité, on les trompe", ajoute Jean-Paul Giroud. Sur ce point, au moins, les Français.es ne sont pas dupes.
45 % d'entre elles et d'entre eux estiment qu'ils sont "peu informés" sur la question des compléments alimentaires, et 20 % "pas du tout". Il faut dire que les emballages ne peuvent utiliser que des "allégations santé", correspondant à une liste autorisée au niveau européen.
Ce sont les mêmes arguments que l'on retrouve sur les barres céréalières et autres aliments vendus comme bons pour la santé.
Pour autant, les compléments alimentaires sont à prendre avec prudence. Car si leur efficacité n'est pas démontrée, il reste possible de s'intoxique r. C'est d'ailleurs pour cela qu'un programme de "nutrivigilance" a été mis en place par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Attention aux commandes par le Net
Plusieurs alertes ont déjà été émises par cette autorité nationale – sur la levure de riz rouge et la p-synéphrine, par exemple. Certaines associations alimentaires peuvent provoquer des effets secondaires graves chez certaines personnes.
Le manque de contrôle scientifique préalable est l'un des principaux reproches émis à l'encontre des compléments alimentaires. Comme aucune étude sérieuse n'est réalisée, le risque de surconsommation est réel, surtout si plusieurs produits sont pris en même temps.
"Les déficits et carences en nutriments sont rares dans la population générale", rappelle le ministère de la Santé, qui invite à adopter en priorité un régime alimentaire équilibré. L'Anses, de son côté, recommande d'éviter les prises prolongées, répétées ou multiples de compléments, de respecter les conditions d'utilisation et de signaler tout effet indésirable.
Autre source de prudence : l'origine de ces compléments alimentaires, disponibles en supermarché, en pharmacie mais aussi sur Internet. Dans ce dernier cas, des produits de qualité douteuse peuvent être reçus.
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Les compléments alimentaires, ministère de la Santé, consulté le 29 mars 2018
Que sont les compléments alimentaires ?, Anses, consulté le 29 mars 2018