Un régime dangereux, c’est quoi et pourquoi ?
1 kg de graisse corporelle = 8000 calories
Pour perdre 1 kg de ce vilain gras logé sur les cuisses et le ventre, il faut installer un déficit énergétique de 8000 calories environ.
Les besoins énergétiques féminins sont en moyenne de 2000 calories par jour.
Avec une alimentation équilibrée apportant, par exemple, 1400 calories, vous arrivez à un déficit quotidien de 600 calories.
Théoriquement, vous devez évacuer le kilo de gras à 8000 calories en 13 à 14 jours. Quand il y a 3 kilos à éliminer, cela fait 14 x 3 = 42 jours, soit environ 1 mois ½.
S’il y en a 5, on arrive alors à 14 x 5 = 70 jours, soit un peu plus de 2 mois. Ce qui est raisonnable.
Si le régime amaigrissant (forcément déséquilibré) vous apporte seulement 800 calories par jour, le déficit est de 1200 calories. Alors, le kilo de gras doit s’évacuer beaucoup plus vite, en 1 semaine environ.
Ca, c’est la théorie. Elle fonctionne à peu près si vous n’avez jamais fait de régime pour maigrir auparavant.
Elle ne marche pas si vous traînez un passé de régimes amaigrissants suivis de reprises de poids car votre corps se souvient qu’il a été privé d’énergie et il se défend en gardant jalousement sa provision de gras. C’est la base des célèbres kilos yo-yo bien installés et si difficiles à dégager.
Tout le monde le sait. Mais cela n’empêche pas - hélas ! - la folie périodique des Régimes à Grande Vitesse.
Maigrir très vite : la tentation printanière
L’attrait pour un régime qui fait fondre ces 3 ou 5 kg en moins d’un mois est irrésistible.
D’autant plus qu’une copine qui vient ainsi de se délester de ses kilos vous nargue en arborant un ventre plat-de-chez-plat et un jean moulant des cuisses fuselées, rehaussées par d’étroites bottes car elle a même maigri des mollets.
Elle a avalé uniquement (au choix) : de la soupe (aux choux de préférence), ou bien de l’ananas, ou du pamplemousse ou d’autres fruits exotiques, ou bien des protéines (blanc de poulet, surimi ou mixtures à délayer dans de l’eau), ou bien elle a fait le régime dissocié, le régime citron ou l’Atkins ou le Tahiti, ou bien celui d’une people à la mode, etc. La liste est là.
La copine a quand même les traits un peu tirés qu’elle cache avec du terracotta et elle convient que pendant la durée de tout ce régime, elle avait une haleine de chacal. Mais vu le résultat, ça vaut le coup.
Vous allez regarder sur Internet et vous trouvez, bien sûr, une foule de témoignages enthousiastes sur les forums et/ou sur les sites qui font la promo d’un de ces régimes. C’est tentant… malgré la perspective de l’haleine.
Pourquoi c’est dangereux ?
Parce que tous ces RGV (Régime à Grande Vitesse) vous font perdre d’abord des protéines.En effet, lorsque votre corps est privé d’énergie, il va la chercher en premier dans les protéines, car ce sont elles qui se mobilisent tout de suite pour la fournir, bien avant le gras.
Et ça, c’est vraiment grave. Les protéines constituent tous vos tissus, pas seulement les musculaires, mais aussi ceux de votre cœur, de votre foie, de votre tube digestif, bref, de tous vos organes. Du coup, les voilà terriblement fragilisés. Et vous avec, évidemment ! Les arrêts cardiaques pour cause de RVG, ça existe.
Parce qu’ils ne vous apportent pas votre bon quota de vitamines, de sels minéraux et d’acides gras essentiels, ce qui vous fragilise aussi.Parce que, quand vous arrêterez ce régime, vous refabriquerez INÉVITABLEMENT du gras. Maigrir et regrossirCes régimes à grande vitesse bouleversent le système hormonal (leptine et ghréline) qui régit votre appétit et votre satiété et ce déséquilibre dure après leur arrêt : vous aurez toujours plus faim qu’avant, donc vous mangerez plus et vous regrossirez (souvent à grande vitesse aussi !).
Ce genre de régime ne modifie pas vos anciennes habitudes alimentaires, celles justement qui vous on fait grossir.
Résultat : quand vous l’arrêtez après vos 3 ou 5 kilos péniblement éliminés (aucun de ces RVG n’est plaisant, ni satisfaisant côté gourmandise), vous mangez comme avant, et souvent plus pour rattraper toutes ces journées de privations frustrantes.
Maigrir vite et devenir obèse
Devenir obèse, c’est évidemment le cauchemar des adeptes de ces RGV à répétition, déjà obsédées par l’idée de ne plus rentrer dans une taille 36.
Et pourtant, c’est le mur dans lequel elles (ou « ils » mais ils sont moins nombreux) foncent, l’assiette en berne, malgré les constatations, avertissements, mises en garde de tous les nutritionnistes de la planète. Et, en France, celui de la Haute Autorité de Santé, en septembre 2011.
Plus on commence tôt à vouloir perdre quelques kilos, pas forcément superflus, plus vite s’installe l’infernale spirale des kilos yo-yo qui ouvre le chemin d’une obésité à 30 ou 40 ans.
C’est pourquoi, il ne faut jamais tolérer qu’une ado plonge dans un de ces régimes dangereux (la liste est là).
Maigrir à bon escient et lentement
Il est tout à fait normal et souvent salutaire d’évacuer les kilos vraiment en trop.
- Pour ceux installés pendant l’hiver, quand on a fait la marmotte, il suffit le plus souvent de se bouger : ils ne vont pas résister longtemps à la fréquentation régulière d’une salle de gym ou d’une piscine.
- Se bouger mais en adoptant enfin, et une bonne fois pour toute, une alimentation équilibrée, avec beaucoup de légumes à chaque repas, du pain et/ou des céréales, des fruits, en buvant de l’eau et pas des boissons sucrées, en calant ses éventuelles fringales avec une pomme ou un yaourt. Et en prenant le temps de cuisiner (sans trop de corps gras), ce qui vous fera faire en même temps des économies.
- En prenant aussi celui de manger lentement, tranquillement, sans un écran devant les yeux, mais à table avec des couverts et de petites assiettes (on en met moins !). Car ainsi vous ferez marcher votre centre de satiété et vous mangerez spontanément moins.
Vous maigrirez lentement mais sûrement et une fois ces bonnes habitudes enfin prises, vous ne regrossirez pas.
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Sumithran P et al. Long-term persistence of hormonal adaptations to weight loss. N Engl J Med. 2011 Oct 27;365(17):1597-604.
Herman CP, Polivy J. A boundary model for the regulation of eating. Res Publ Assoc Res Nerv Ment Dis. 1984;62:141-56.
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