On peut se dire au revoir plusieurs fois
À chaque fois que je dis « au revoir » à David, j’ai la certitude que je vais le revoir. C’est mon Terminator à moi, mon Superman. Nous travaillons ensemble depuis maintenant trois ans et j’ai pu apprécier en profondeur l’ami comme l’homme. David est la personne la plus courageuse que je connaisse et j’ai été heureux de voir que dans son dernier livre, il avait rédigé tout un chapitre sur le courage. Le courage, c’est tout simplement la force la plus formidable que nous pouvons transmettre à nos enfants. La vie sans elle n’est faite que de fuites et de mauvais choix.
David, lui, a toujours fait front et il s’est battu toute sa vie. Avant son cancer tout d’abord quand il a décidé de terminer ses études de médecine au Canada, puis de devenir psychiatre, puis, comme si cela n’était pas encore suffisant, de soutenir une thèse pour un doctorat en neurosciences et l’obtention de fonds pour diriger son propre laboratoire de recherche. David était un fonceur et sa vie était déjà bien remplie quand son cancer l’a frappé pour la première fois en 1992 à l’âge de 31 ans.
David a alors changé de combat en s’associant à celui de ses patients pour survivre. Il a appris à les écouter encore plus profondément, à les comprendre. Lui qui n’avait plus que l’espoir de pouvoir vivre quelques années, décide de tout faire pour sortir des statistiques. Il en avait au maximum pour 6 ans à vivre ? Il en a pris pour 19 ans et bientôt 20 ans.
Tout, absolument tout compte !
Que faire quand la médecine avec tout ce qu’elle a de mieux – la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie - ne vous laisse espérer que quelques années à vivre ? Faut-il se résigner ? La réponse de David fut simple et forte : tout, absolument tout compte ! La médecine moderne dont il faut bénéficier au maximum bien sûr, mais aussi la recherche scientifique qui n’arrête pas de tout étudier, dont l’impact de notre mode de vie sur notre longévité et la croissance de nos cellules cancéreuses. Car David est avant tout un grand scientifique, ne l’oublions pas. Et ces études vont toutes dans le même sens : la nutrition, l’activité physique et notre psychisme jouent un rôle majeur dans nos processus de guérison.
La force de David a été de nous offrir une synthèse pratique et documentée du fruit de ces recherches scientifiques dans son livre « Anticancer », après les avoir mises lui-même en pratique dans sa vie et fait reculer le monstre à deux reprises. Car sa méthode c’était du vrai, du vécu, mais aussi du solide, du scientifique. Et nous sommes des millions à l’avoir suivie, pour une vie meilleure dès maintenant, et plus respectueuse de la planète. Car la méthode anticancer, en nous proposant notamment de manger moins de viande et plus de fruits et légumes, contribue à ménager les ressources de la terre.
Maintenant, David fait face à un combat encore plus difficile. Désormais, ni la médecine moderne, ni sa méthode fonctionnent. La tumeur évolue sans arrêt depuis un an malgré deux interventions chirurgicales, de la radiothérapie, de la chimio et de l’immunothérapie. Que peut-on faire quand plus rien ne marche, ni même les framboises et les brocolis ? Continuer à se battre, se préparer à mourir au cas où, et écrire un livre. Un très beau livre. « On peut se dire au revoir plusieurs fois » est une fois de plus un livre qui fait du bien. Sa lecture nous aide dans les grandes questions de notre vie, comme « Guérir » nous avait aidé à explorer de nouvelles voies pour nos douleurs psychiques, et « Anticancer » nous avait ouvert la voie pour une vie vraiment saine et riche.
Nous sommes nombreux à être reconnaissants de tout ce que tu nous as apporté, David. Au revoir et à bientôt !
Source : David Servan-Schreiber : On peut se dire au revoir plusieurs fois. Robert Laffont, 2011.
Photo David Servan-Schreiber © E. Robert Espalieu
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