Les femmes plus touchées que les hommes
Quand le salarié cumule plusieurs de ces facteurs, une souffrance au travail peut s’installer. Globalement, les femmes sont plus touchées que les hommes parce qu’elles exercent des professions plus souvent dévalorisantes que les hommes et qu’elles doivent mener de front leur vie professionnelle et familiale. Certaines activités sont également plus à risques que d’autres : c’est le cas des managers de proximité (qui sont entre la direction et les équipes de terrain) par rapport aux grands dirigeants et des salariés du secteur tertiaire (banques, assurances, services à la personne, soins...) par rapport à ceux du secteur industriel.
Attention au surinvestissement au travail
Pour autant, tous les salariés ne réagissent pas de la même manière.
Dr Légeron : « Il n’y a pas d’égalité émotionnelle entre les individus, certains sont plus anxieux que d’autres mais ce n’est pas énorme comme variable. En revanche, de nombreuses études montrent que les salariés les plus à risques de décompenser ne sont pas des glandeurs ! Au contraire, ce sont souvent ceux qui sont très investis dans leur travail, voire même surinvestis ». Et, en la matière, la France est championne. Dans les questionnaires européens mesurant la place accordée au travail dans la vie des salariés, les Français répondent majoritairement « très importante » par rapport à leurs voisins européens. « En France, on attend beaucoup du travail alors qu’en Europe du Nord, on travaille d’abord pour gagner sa vie, note Patrick Légeron. Les entreprises françaises ont d’ailleurs tendance à encourager cette tendance : un cadre qui quitte son bureau à 20 h en emmenant des dossiers chez lui est bien vu, ce n’est pas du tout le cas en Allemagne, par exemple. Or, ne pas tout investir dans le travail est protecteur pour la santé ».
La France en retard sur la prévention
Paradoxe : « La France est le pays où on parle le plus du stress au travail et où on agit le moins », pointe le Dr Légeron. Pour preuve : selon le dernier rapport de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, dans lequel 50 000 entreprises ont été scrutées, la France arrive à la 29ème place sur 36 en matière d’actions mises en place pour prévenir les risques psychosociaux. Le Danemark remporte la palme devant la Grande-Bretagne, la Suède et la Norvège. « En changeant 10% des conditions de travail, on pourrait réduire le stress de moitié. Cela passe par plus d’autonomie, de reconnaissance, de communication, une meilleure formation... Les managers sont défaillants et insuffisamment formés à la santé au travail et surtout à l’humain », prévient Patrick Légeron. Quant aux médecins du travail, ils ne peuvent pas tout faire faute d’effectif suffisant et cela ne va pas s’arranger : de 5 500 actuellement, ils vont passer à 3 000 dans dix ans.
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* Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.