Supermarché : trop de mensonges sur les étiquettes des poissons
Comment savoir si l'on participe à la surpêche ? Est-ce qu'on consomme une espèce menacée d'extinction ? Selon une enquête menée par l'association UFC-Que Choisir, 66% des mentions obligatoires que contiennent les étiquettes piquées dans la glace au rayon poissonnerie ne seraient pas conformes. Le lieu de la pêche ainsi que la méthode de pêche sont imprécises voire manquantes. L'enquête a été menée entre le 20 janvier et le 3 février 2018 auprès de 1 134 poissonneries de grandes surfaces sur trois poissons de consommation courante menacés par la surpêche : le cabillaud, la sole et le bar. Depuis 2014, les poissonniers sont obligés de mentionner le nom en français et en latin du poisson (pour afficher le nom scientifique afin d'éviter les confusions) ainsi que la méthode de capture. Or selon les observations de l'UCF-Que-Choisir, 86 % des poissons présents dans les étals des grandes surfaces enquêtées sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités. Le chalut reste la méthode la plus fréquente alors qu'elle est la principale destructrice de la diversité des espèces vivantes de la mer : cette méthode revient à faire des captures massives sans distinction d'espèce. La pêche par chalut correspond à un grand filet traîné par le bateau de pêche. La zone de pêche inquiète aussi fortement les défenseurs de l'environnement : la plupart des poissons vendus en France comportent la mention " zone Atlantique nord-est" ou " zone 27". Or celle-ci couvre en réalité une portion de mer allant du Groenland au nord de la Russie et qui s'étend jusqu'au bout de l'Espagne !
Les étiquettes de 3 poissons sur 4 ne sont pas conformes
Au final, ce sont les étiquettes de trois poissons sur quatre qui ne sont pas conformes. La première place revient à l'enseigne Intermarché qui possède 77% des poissons mal étiquetés, suivie de près par Super U (76 %), et Leclerc (67%). Les consommateurs achètent donc sans le savoir des produits responsables de la destruction de la biodiversité. Le cabillaud détient la palme du poisson "non-durable" puis la sole et le bar (80%). Après avoir analysé la durabilité de ces trois espèces de poissons dans sept grandes surfaces de distribution, l'UFC démontre qu'aucune des grandes enseignes n'a mis en place une politique d'approvisionnement durable : Super U à la première place propose 89% de cabillauds, soles et bars non durables, et Cora qui arrive en septième place propose 81% de poissons non durables.
Sabre noir, grenadier : à éviter
Un poisson qualifié de durable est un poisson pêché dans des zones où il y a des stocks abondants avec des méthodes respectueuses de la ressource. Alors que les ministres de la Pêche de l'Union Européenne se réunissent ce lundi 17 décembre 2018, l'UFC-Que choisir réclame à Bruxelles de nouvelles normes avec un affichage lisible.
Par exemple avec l'aide d'un code couleurs : vert en cas d'abondance du poisson, jaune à surveiller et rouge à éviter. Ainsi, le consommateur aurait le choix de consommer des produits en sachant si oui ou non l'espèce choisie est en danger de voie de disparition. En attendant, l'association de consommation recommande aux consommateurs :
- De préférer les méthodes de pêche les plus protectrices de la ressource (lignes, hameçons et filets) ;
- De diversifier les achats en privilégiant les espèces dont les stocks sont les plus fournis (par exemple lieu noir, merlan, hareng, maquereau) ;
- De proscrire les achats de poissons de grands fonds (notamment sabre noir, grenadier, lingue bleue) du fait de la grande fragilité de ces stocks.
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