Tisanes détox : une ONG alerte sur leur composition
Les tisanes détox seraient-elles une intox ? C'est en tout cas ce que suggère Foodwatch, une organisation indépendante, qui pointe du doigt certaines marques de thé et tisanes. Elle s'attaque particulièrement aux tisanes détox, qui ne semblent pas dire toute la vérité aux consommateurs au sujet des bénéfices de leurs produits.
Sur les packagings des tisanes détox, on retrouve souvent une femme qui a l'air détendu ainsi que des fruits découpés et des plantes. Ne vous fiez pas à cette image alléchante. Les fruits et les plantes leur servent à vanter les mérites de leur tisane plutôt qu'une autre en annonçant un produit sain qui fera du bien à votre corps. Mais si on lit attentivement la liste des ingrédients, on découvre qu'en réalité ces fruits ne sont pas si présents que ça.
Plusieurs marques visées par cette accusation
La première marque dénoncée est la marque La Tisanière, qui commercialise une tisane "drainage et élimination" au pamplemousse. Alors que l'emballage semble indiquer la présence de pamplemousses, en se penchant sur la liste des ingrédients, on découvre que ce fruit se fait rare.
En effet, à l'intérieur du sachet de tisane, seulement 1% de pamplemousse. Pour le reste, 9 % d'arôme pamplemousse complètent la recette. Le fabriquant lui-même a reconnu auprès de Foodwatch qu'il ne s'agissait pas du fruit mais bien d'arôme, qui plus est non naturels (c'est-à-dire non issus du pamplemousse).
En ce qui concerne la tisane "infusion détox thé vert", on découvre une tisane au goût de fruits de la passion. En réalité, à l'intérieur... pas de fruit de la passion. Seulement 2% d'arôme non naturel au goût passion. Donc le fruit n'est pas du tout présent.
La marque Karéléa, Léa Nature est une marque bio qui vend une infusion fruitée "Eglantier et sureau" à la saveur cassis-citron. Là encore pas de cassis dans le sachet de tisane mais seulement 4% d'un arôme naturel de cassis.
Les marques profitent du système
Il n'y a pas que les fruits qui posent problème dans ces tisanes. L'efficacité des plantes vantées par les marques pour leur vertu détox n'est en réalité pas prouvée. En effet, la Commission européenne doit réévaluer 2000 allégations santé depuis 2012.
En attendant, il n'est pas interdit de prétendre aux vertus de ces plantes. En attendant que les différentes allégations soient réévaluées, les marques ont le droit de jouer dessus... et d'en profiter pour louer les mérites de tels ou tels produits.
La Tisanière explique, par exemple, que le processus qui permet de faciliter les fonctions d'élimination des l'organisme tient à la présence de queues de cerises. Pourtant, l'effet bénéfique vanté par la marque a été démenti par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui n'a pas pu établir de relation entre la queue de cerise et un quelconque pouvoir détox.
Du côté de l'infusion détox au thé vert, même combat avec la mention sur la boîte "le thé vert contribue à l'élimination rénale de l'eau et des toxines". Cette allégation est en attente d'une décision de la commission européenne.
De son côté, Karéléa, Léa Nature mentionne sur son produit "super plante". Elle se justifie par la présence de sureau en expliquant que "la reine des prés et le sureau sont reconnus pour favoriser les fonctions d'élimination de l'organisme". Or le sureau ne figure pas parmi la liste des plantes autorisées au niveau européen.
Foodwatch estime que les marques devraient devoir mentionner en toute lettres qu'il s'agit d'arômes et non de fruits. Et qu'elles ne devraient plus vanter les mérites d'une plante si elle n'a pas été approuvée par la Commission européenne.
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Echanges de courriers entre FoodWatch et Foods International. PDF. janvier 2018
Avis de l'EFSA de 2010 sur les allégations de santé liées à différentes composantes ou denrées alimentaires, dont les queues de cerises. Commission européenne. 12 juin 2013