Un sex-toy rend les orgasmes d'un homme incontrôlables
Quand le plaisir mène au plaisir… au point de devenir incontrôlable. C'est un peu l'histoire de ce sexagénaire britannique, dont l'aventure hors norme est racontée par Roy Jerome Levin, chercheur à l'université de Sheffield (Royaume-Uni), dans la revue Clinical Anatomy. En bonne santé physique et sexuelle, l'homme a développé une addiction aux orgasmes prostatiques à cause d'une infection urinaire.
L'affaire commence, en effet, par une banale prostatite. Cette inflammation est généralement provoquée par une bactérie, et touche environ 1 % des hommes au cours de leur vie. Pour calmer les douleurs au niveau de cette glande très sensible, le patient reçoit du Cialis® (tadalafil). Ce médicament, indiqué contre les troubles de l'érection, est aussi efficace contre certains symptômes urinaires.
En parallèle, le sexagénaire utilise un masseur prostatique qui apaise la souffrance causée par l'infection. Une mesure efficace : en deux mois, les symptômes disparaissent. Le tout de manière plutôt agréable, puisque l'homme affirme qu'il ressent du plaisir au niveau de la glande mais aussi du périnée, du pénis et parfois de l'ensemble du corps. C'est ce que certains appellent le "super O".
Le plaisir devient handicapant
Le problème, c'est que l'homme ne peut plus se passer du sex-toy. Les orgasmes intenses qu'il procure sont devenus addictifs. Conscient du fait qu'il passe trop de temps à stimuler sa prostate, le Britannique décide de décrocher. Il range son appareil et tente de passer à autre chose.
Se produit alors un phénomène qui mystifie ses médecins. Même sans stimulation, le sexagénaire continue d'expérimenter ces orgasmes incontrôlables. L'homme avait développé un rituel précis : avant d'utiliser son sex-toy, il enfilait un préservatif et installait plusieurs coussins pour son confort.
Désormais, ce cérémonial suffit à déclencher l'excitation et l'orgasme. Une sorte de "réflexe", selon l'auteur de cette publication. Un an s'écoule avant que le patient ne se décide à consulter. Non pas à cause du manque de contrôle… mais parce que l'intensité de cette volupté provoque des spasmes généralisés. Manque de chance, cela a réveillé une vieille douleur au niveau de la nuque et le plaisir devient handicapant.
Si ces "orgasmes réflexes" ont fini par s'estomper, ils soulèvent une question intéressante : comment se produit l'orgasme prostatique ? En la matière, les études manquent cruellement, constate Roy Jerome Levin. La littérature est pléthorique sur le web, mais elle n'émane que de témoignages personnels.
Mettre la main à la pâte
Il y a "peu de doutes sur le fait que stimuler la prostate via la paroi rectale peut donner lieu à des sensations intenses, à l'origine d'un plaisir exceptionnel, surpassant souvent celui obtenu par la stimulation pénienne", reconnaît le chercheur. Et pourtant, la science est incapable d'en expliquer le mécanisme.
Plusieurs hypothèses coexistent. La première s'appuie sur le fait que la prostate est une glande très innervée sur sa paroi externe. La stimulation de ces nerfs favoriserait une montée intense du plaisir. D'autres équipes estiment que l'innervation interne de la prostate explique ce phénomène. La troisième hypothèse se veut plus générale : un recâblage du cerveau serait nécessaire pour apprécier les effets d'une telle stimulation.
Face à ce flou, une chose est sûre, déplore Roy Jerome Levin. "La communauté scientifique est réticente à l'étude du phénomène, peut-être parce que cela implique une insertion rectale et une stimulation." Le chercheur appelle ses confrères à mettre la main à la pâte et à comparer les manifestations de l'orgasme prostatique par rapport à celui obtenu par une stimulation du pénis. Pour, enfin, mieux comprendre cette autre forme de plaisir masculin.
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Point P : les secrets de l'orgasme prostatique, Medisite