Le vrai débat des statines
Les statines en pratique
Les statines font partie des médicaments qui ont été le plus étudiés et pour lesquels on a trouvé l’un des meilleurs rapports bénéfice / risque. Les statines sauvent de nombreuses vies chaque année et permettent à ceux qui en prennent de gagner en moyenne deux années de vie. Peu de médicaments ont un tel palmarès positif.
Les statines sont tellement efficaces que la plupart des médecins n’hésitent pas à les prescrire à leurs patients.
Le débat soulevé par le Pr Philippe Even est donc malsain, au sens propre du terme, car il va rendre de nombreuses personnes malades du fait de l’arrêt de leur traitement. Il a de plus le grave inconvénient d’induire un doute entre les patients et leurs médecins.
Il a enfin pour inconvénient de se tromper de débat, car le vrai débat sur les statines n’est pas celui de leur utilité, mais de leur posologie.
Statines : quelle posologie ?
En 2005, une très grande étude, la TNT Study (Treating to New Targets) a montré que, chez des patients ayant fait un infarctus, de fortes doses de statines permettaient à la fois de réduire encore plus le taux de cholestérol et de diminuer la survenue de nouveaux accidents cardiaques de 22 %, par rapport à de faibles doses de statines. Depuis, le slogan des statines est devenu « The lowest is the best » (plus le taux de cholestérol est bas, meilleur c’est), ce qui a coûté beaucoup d’argent à la Sécurité sociale. Pourquoi ? Parce que les médecins ont pris l’habitude de prescrire de fortes doses de statines à tous leurs patients, y compris à ceux qui n’ont jamais fait d’infarctus et qui ont simplement un taux de cholestérol trop élevé.
Pourtant, dans cette étude TNT, il n’y avait aucune différence en termes de mortalité entre le groupe prenant de fortes doses de statines et celui prenant de faibles doses, sur un suivi de 5 ans. Si après avoir fait un infarctus, comme c’est le cas dans l’étude TNT, il est justifié de prendre de fortes doses de statines pour éviter d’en refaire un autre, en cas d’augmentation isolée du cholestérol cela peut se discuter. Cela mérite en tout cas un vrai débat entre professionnels de santé. Ce débat devrait être source d’économies importantes pour la Sécurité sociale, la différence de prix entre les faibles doses de statines et les fortes doses allant du simple au double.
Enfin pour les gens à très faible risque cardiovasculaire avec une augmentation modérée du taux de cholestérol, il est classiquement reconnu qu’il n’y a pas besoin d'un traitement par statines. Dans ce cas là, comme le précise le Pr Éric Bruckert (Pitié-Salpêtrière, Paris) dans la colonnes du Figaro, « La diététique seule suffit généralement.[…] Le bénéfice d'une statine est directement fonction du risque que l'on a de faire un accident vasculaire ».
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