Femmes fontaines : dépendantes ou autonomes ?
Toutes les femmes fontaines ne fonctionnent pas selon le même processus. Mais pour toutes, le prérequis est un climat de complicité, d’abandon, sans jugement de valeur. Il n’existe cependant aucune particularité anatomique à l’origine du phénomène de "squirting". Les femmes fontaines ne souffrent pas plus d'incontinence urinaire que les autres.
-Qui sont les femmes fontaines "dépendantes" ?
Le business de la pornographie en quête de renouveau a mis les femmes fontaine sous le feu des projecteurs. La mode du (pseudo) "Point G" depuis les années 80 a aussi banalisé la pratique de la recherche de cet endroit "miracle" par le partenaire qui, auparavant, n’osait trop s’y aventurer. Le corollaire a été de voir émerger une génération de femmes fontaines. Car pour provoquer l’émission de liquide, il faut stimuler une région vaginale précise, au niveau du point G (dont l’existence est remise en question), plus scientifiquement appelé complexe « clitorido-urètro-prostato-vaginal ». Or, l’urètre est une structure sensible et sous l’excitation, le plaisir et le lâcher prise, ces femmes "dépendantes" peuvent être fontaine rien qu’avec ce type de stimulation purement mécanique.
-Qui sont les femmes fontaines "autonomes" (ou "cérébrales") ?
Ces femmes ne requièrent pas de stimulation vaginale. N’importe quelle pratique sexuelle pourrait convenir mais il y a un lâcher-prise extrêmement important de leur part. Chez elles, l’origine serait en partie neurologique. Hypothèse : la miction est une fonction de l’être humain très socialisée (on apprend très vite à être propre). Mais elle est sous le contrôle des lobes préfrontaux du cerveau (la zone au-dessus des yeux), ceux-là même qui gèrent aussi le contrôle social. Les travaux scientifiques ont montré que pour atteindre l’orgasme, cette zone doit absolument se désactiver. Peut-être que ces femmes éteignent à la fois le centre de contrôle sociétal et celui de la miction. Plus aucune inhibition ne les retient.
Toutes les femmes sont-elles des fontaines qui s’ignorent ?
Alors que les femmes fontaines "jaillissantes" émettent un jet qui peut aller jusqu’à quelques mètres, ce sera plutôt sous forme de cascade chez les femmes "ruisselantes". Lorsque les hommes "sourciers" stimulent la paroi antérieure du vagin, ils touchent à la fois l’urètre et le sphincter et modifient les repères anatomiques. Si la femme pousse sur son périnée en même temps c’est une "jaillissante", sinon c’est une "ruisselante". Être femme fontaine, c’est une inversion de commande : en règle générale, pendant les rapports sexuels, les muscles péri-vaginaux (périnée) se contractent. Or, pour être une femme fontaine jaillissante, il faut relâcher et pousser sur le périnée.
Dr Pierre Desvaux : « Pour celles qui seraient tentées par l'expérience, voici les conditions à réunir : trouver un bon sourcier, amant connaissant bien le corps féminin et sachant stimuler cette zone particulière du vagin (complexe clitorido-urètro-prostato-vaginal, l’ancien "Point G"), à l’aide de deux doigts et souvent une main sur le ventre de sa partenaire. Un bon sourcier saura aussi créer une ambiance d'abandon et de lâcher prise chez elle. Enfin, il faudra à la femme d’accepter de "pousser" quand elle sentira le plaisir et une chaleur se répandre dans son sexe ».
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D’après un entretien avec le Dr Pierre Desvaux, andrologue et sexologue (Département d’Urologie, Hôpital Cochin, Paris) ; Co-auteur avec le Dr Salama et Sylvie Nordheim du livre « Femmes fontaines et éjaculation féminine : mythes, controverses et réalité » (Editions du Cherche Midi, version numérique)