"Complexe clitorido-urétro-vaginal", késako ?
Ce nom barbare signifie qu’il s’agirait d’une région située (comme l’ancien point G) sur la face antérieure du vagin, à quelques centimètres de l'entrée, volontiers pourvue de rides, et qui subirait un accroissement de volume sous l’excitation sexuelle lorsqu’il existe les glandes para-urétrales (l’équivalent de la prostate de l’homme mais toutes les femmes n’en ont pas).
Les structures anatomiques impliquées dans les sensations voluptueuses lors d’une stimulation (4) seraient en fin de compte :
- Les glandes para-urétrales, lorsqu’elles sont présentes chez la femme.
- La partie antérieur de la paroi vaginale, même si elle ne regroupe pas spécialement plus de fibres nerveuses sensitives au niveau de cette zone anatomique. Ce serait plutôt la dimension musculaire qui entrerait en jeu. Au cours de l'excitation, la paroi vaginale va se détendre et le vagin se dilater, mais le calibre sera conditionné par les muscles entourant le vagin, ce qu'on appelle le plancher pelvien. La contraction volontaire de ces muscles permet d'augmenter les perceptions vaginales.
- Les branches internes du clitoris de la paroi vaginale. En effet, le clitoris n’est pas uniquement la petite partie qui émerge du sexe de la femme et où aboutissent les terminaisons nerveuses. Cette partie visible du clitoris se prolonge à l’intérieur du vagin sur les branches ischio-pubiennes qui entourent le vagin, à l’image des jambes d’un cavalier sur la selle d'un cheval. La stimulation de cette zone et de ces branches peut provoquer quelque chose de très agréable. De plus, la contraction du plancher pelvien fait descendre une partie du clitoris au contact du vagin, ce qui contribue au plaisir ressenti.
- L’urètre.
Dr Pierre Desvaux : « Cela commence à se murmurer, 66 ans après Gräfenberg : l’urètre, ce canal très innervé, pourrait participer au plaisir sexuel dans un contexte érotique. Une idée encore taboue ! Une cystite est très douloureuse, mais il faut comprendre dans la physiologie sexuelle qu’une stimulation perçue comme douloureuse "au repos" peut devenir voluptueuse ou très excitante, surtout s'il y a une forte excitation sexuelle par ailleurs. Le cerveau interprète différemment la stimulation. En réalité, le pénis stimule l’urètre via le "matelas" isolant de la paroi vaginale. De nombreuses femmes demandent à l’homme de stopper ses mouvements lors de la pénétration (surtout avec les doigts) car elles ont l’impression qu’elles vont uriner. Si l’on regarde à l’imagerie, le sexe de l’homme touche alors la paroi vaginale qui le sépare de l’urètre et du col de la vessie ».
Place à la pratique. Comment stimuler le complexe clitorido-urétro-vaginal ?
Le complexe clitorido-urétro-vaginal (comme l’ancien point G) permet d’accéder au plaisir mais pas obligatoirement à l’orgasme.
Pour explorer ces régions voluptueuses, il faut :
- Accepter de se laisser aller.
- Accepter de dépasser la première sensation qui est d’avoir envie d’uriner. Elle se transforme ensuite en une sensation très agréable.
- Si au maximul de l'excitation la femme pousse, elle peut projeter un liquide fontaine ou "squirting", cette émission abondante de liquide pendant les rapports sexuels improprement appelé éjaculation féminine. Si elle contracte son périnée, le plaisir sera là, mais sans écoulement.
Dr Pierre Desvaux : « Certaines femmes parviennent à stimuler ces zones par la pénétration en adoptant des positions qui vont augmenter l’appui du pénis sur cette face antérieure du vagin. Au hit-parade, la position d’Andromaque modifiée (l’homme est sur le dos, la femme le chevauche tout en se penchant en arrière).
Sinon, la stimulation manuelle (les doigts en forme de crochet faisant le signe "vient par-là") fonctionne. Elle vise à rechercher cette zone à l’intérieur du vagin aidé de l’autre main qui appuie légèrement sur le pubis afin d’augmenter la force du contact entre les doigts présents dans le vagin et le complexe clitorido-urétro-vaginal. Ça ne s’obtient pas par frottements mais par pression, au moyen d’un mouvement légèrement circulaire ».
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D’après un entretien avec Dr Pierre Desvaux, andrologue et sexologue (Département d’Urologie, Hôpital Cochin, Paris)