Que prescrire ?
Chez certaines femmes, le degré d'atrophie vaginale justifie un traitement médical, même si les implications psychologiques sont à considérer.Ailleurs, il faudra moduler la prise en charge.L'absence de lubrification peut être, en effet, une réponse NORMALE à un contexte environnemental perturbé. Prenons l'exemple si fréquent d'une femme de 50 ans qui vit mal ses transformations physiques liées à la ménopause et les deux kilos qu'elle n'arrive plus à perdre, affublée d'un mari, certes gentil, mais plus préoccupé de son handicap au golf que des problèmes de sa femme, avec deux enfants à l'avenir éducatif incertain, qui subit les fluctuations professionnelles dues au jeunisme ambiant et qui, malgré tout, doit se montrer disponible pour les quelques moments où la seule réussite érectile de son compagnon résume les vestiges d'un amour oublié Comment imaginer que cette femme puisse manifester une excitation sexuelle, a fortiori un désir sexuel ?Le manque de lubrification est alors une réponse normale à un contexte conflictuel Faut-il pour autant se contenter d'une prise en charge psychologique ? Certes pas, même si cette dernière s'avère quasi indispensable. L'existence de produits destinés à réduire l'inconfort sexuel permet à cette femme de se libérer de la hantise du rapport, de le rendre physiquement plus supportable et de ne pas cumuler souffrance physique et morale.Chez la femme ménopausée, les estrogènes locaux demeurent un traitement de fond mais leur action est lente et pour certains (à base d'estriol) en raison d'un faible passage systémique, ils peuvent être mal tolérés physiquement (métrorragies, tension mammaire ) ou psychologiquement (crainte liée à l'hormonothérapie de substitution).En dehors de ces produits, existent des composés lubrifiants ou hydratants aux mécanismes d'action variés. Les lubrifiants classiques à base d'eau (Sensilube®, Try®, Hydragel® ) ont une action immédiate mais courte et peuvent donc être utilisés juste avant le rapport à l'entrée du vagin ou sur la verge du partenaire.Les polymères bioadhésifs (Replens® par exemple) ont une action plus durable et peuvent être considérés comme des produits hydratants.L'acide hyaluronique, dont les propriétés hydratantes sont connues est largement utilisées dans de nombreux produits. Il est également utilisé en rhumatologie pour augmenter la viscosité de la synovie dans les arthroses. Il s'agit d'un véritable piège à eau qui forme avec l'eau des gels dotés de propriétés viscoélastiques importantes. Son action est prolongée, si bien que l'on peut considérer qu'il s'agit d'un véritable hydratant. Plusieurs produits sont disponibles (Mucogyne®, Monasens®). Monasens®, gel lubrifiant, présente l'avantage d'associer deux produits hydratants connus (l'acide hyaluronique et le glycérol) à un dérivé de l'acide nicotinique dont on connaît l'action vasodilatatrice (8). Ainsi, se dessine une double action : hydratation passive (grâce à l'acide hyaluronique et le glycérol) et hydratation active par la vitamine PP qui contribue à améliorer la transsudation physiologique.Les récents progrès dans la mise au point de produits hydratants permettent au praticien de soulager physiquement les inconforts, voire les douleurs liées au manque de lubrification vaginale. Ces traitements sont une étape importante vers le retour à une vie sexuelle plus harmonieuse. Cependant, pour beaucoup de patientes, une prise en charge psychologique peut s'avérer nécessaire afin que ménopause continue à signifier arrêt des règles et ne sonne pas le glas de la vie sexuelle de la femme.
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