Quelqu'un m'a fait du mal, comment réagir ?
Par la suite, certains psychothérapeutes affirment que pour dépasser une agression, de quelque nature qu'elle soit, il faudrait réussir à pardonner. Le pardon semble pourtant un sentiment relevant plus du domaine religieux que de la psychologie.
Qu'en est-il vraiment ?
Les sentiments qui persistent, à distance d'une agression ou d'un épisode ressenti comme tel, peuvent être l'envie de vengeance, la rancune, ou le pardon. On aimerait en ajouter un autre, l'oubli que de nombreuses personnes souhaiteraient trouver, mais qui n'existe guère. Ou alors, si l'oubli s'installe, c'est seulement dans les cas où la blessure était vraiment bénigne ! Le désir de vengeance n'est jamais bon, car il s'agit de rendre le mal que l'on a reçu. Pourquoi n'est-ce pas positif ? Pour plusieurs raisons : comme le dit un proverbe chinois : « si la haine répond à la haine, quand finira la haine ? ». Et puis, vouloir faire du mal, cela revient à se mettre au niveau d'une personne à qui l'on n'a pas envie de ressembler. C'est pourquoi on se sent rarement bien dans la vengeance qui nous rabaisse à notre tour au rang de bourreau.C'est ainsi que lorsque l'on ressent ce désir de vengeance instinctif, primitif et naturel, il est bon de l'observer et de le laisser passer, au lieu de le cultiver et de faire monter la haine toujours plus haut. La rancune paraît moins destructrice, simplement parce qu'elle est moins visible qu'une vengeance. Mais au fond, c'est une sorte d'agressivité amère retournée contre soi-même. Alors, au lieu de faire du mal à l'autre, on continue à se faire du mal à soi. C'est comme si, au lieu de s'affranchir du rôle de victime, elle nous fixait dans ce rôle sans qu'on puisse en sortir, et c'est en cela qu'elle est très nocive. Quant au pardon, lui, il ne peut venir immédiatement. Il se recherche, se cultive, et il a besoin de temps pour pouvoir se manifester. Il est tout à fait compatible avec un désir de justice qui est très différente de la vengeance. Pardonner revient à dire à la personne qui vous a fait du mal : « Je crois que vous valez mieux que le mal que vous m'avez fait ». C'est la position à laquelle il nous faudrait aspirer, celle de confiance en l'humain. Elle apporte une grande paix et un abaissement important du niveau de tension intérieure. Bien entendu, on peut passer par chacun de ces sentiments tour à tour.Ainsi, Alain en a beaucoup voulu à ses parents qui ne voulaient pas le laisser épouser son amie et qui ont refusé d'assister à son mariage. Il est passé outre, mais il n'a plus voulu les voir pendant longtemps. Plus tard, alors que ses parents avaient repris contact avec lui, il leur a gardé une rancune tenace pendant des années. « Et un jour, explique-t-il, j'ai réalisé que je ne leur en voulais plus. J'avais grandi, j'avais été mis face-à-face avec mes propres défauts par mes enfants, j'avais mûri, j'étais enfin capable d'accepter que mes parents aient des défauts très graves sans pour autant les détester. En arriver là m'a fait du bien, mais il m'a fallu encore au moins un an pour leur pardonner vraiment. Pour moi, le signe que je leur ai pardonné a été que j'ai ressenti à nouveau de l'affection pour eux, sentiment que je ne percevais plus du tout depuis longtemps.La route du pardon a été longue, mais j'ai compris que ça me faisait du bien. À cette époque, comme par hasard, ma tension artérielle est redevenue normale, alors qu'elle inquiétait mon médecin ! Je pense que je ressentais, de manière continue, une terrible tension intérieure à me sentir en guerre avec mes parents. » Pardonner, ce n'est pas seulement passer l'éponge, mais c'est aussi se faire du bien à soi. Mais c'est pour soi-même qu'on peut l'appliquer. Car il est extrêmement facile d'encourager les autres à pardonner, mais bien plus difficile à le réussir soi-même !
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