Le sport placebo
Les bienfaits de la pensée
Si, lors de vos séances d'exercices, vous vous répétez que "le sport est bon pour la santé", il y a fort à parier que votre dépense physique vous apportera plus de bénéfices qu'en l'absence de telles pensées. C'est ce que confirment les résultats d'une enquête américaine. Elle portait sur 87 employées des services de propreté de sept grands hôtels. Ces jeunes femmes occupaient leurs journées à porter des piles de draps, faire les lits, passer l'aspirateur, monter et descendre des escaliers; une succession de tâches peu exigeantes sur le plan physique mais qui, ajoutées les unes aux autres, faisaient d'elles des personnes relativement actives. Ces employées furent soumises à un examen médical approfondi avec surveillance de tous les paramètres généralement admis comme critères de bonne santé: poids, IMC, masse grasse, tension artérielle, fréquence cardiaque, taux de cholestérol, etc. On les sépara ensuite en deux groupes. Aux premières, on expliqua dans le détail la valeur des exercices physiques auxquels elles se prêtaient quotidiennement et on insista sur le fait que cette dépense physique correspondait parfaitement aux recommandations communément admises par la communauté scientifique. Aux autres employées, point de discours, point d'encouragement. Elles retournèrent donc au turbin sans recommandations particulières.
A l'hôtel de la forme
Un an plus tard, toutes ces femmes furent à nouveau convoquées et testées. Les résultats confirmèrent l'intuition des auteurs: les employées qui avaient été mises au courant des bienfaits de l'activité physique affichaient effectivement une meilleure forme que celles qui n'avaient pas été conditionnées dans le même sens. Leur tension artérielle avait baissé de 10% en moyenne, elles avaient perdu du poids, diminué leur tour de taille et bien d'autres paramètres attestaient d'une bonne santé.
Que s'était-il passé? Serait-ce que les femmes du premier groupe, se sachant dans le bon, auraient mis plus d'ardeur à la tâche? D'après les auteurs, c'est peu probable. Ils se basent pour cela sur l'impact relativement modéré des recommandations faites par exemple aux patients victimes d'un infarctus. Les bonnes résolutions durent rarement plus d'une semaine. Pour eux, les bienfaits seraient plutôt de l'ordre de l'inconscient. Le simple fait de savoir que remuer les draps ou changer les serviettes est bon pour la santé aurait eu un effet apaisant alors qu'une même dépense calorique non "corticalisée" n'entraîne pas les mêmes bienfaits. "Ces résultats renforcent l'hypothèse que l'exercice physique retentit sur la santé pour partie via l'effet placebo", conclut le docteur Langer. "Il est clair que la santé est significativement affectée par l'état mental."
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